Même si les Américains fondent toujours beaucoup d'espoirs sur la détermination de leur président Barack Obama à les sortir de la grave récession dans laquelle ils s'enlisent, leur optimisme légendaire est très émoussé par la grêle de mauvaises nouvelles qui s'abat sur eux.

L'indice de confiance du Conference Board a plongé à 25 ce mois-ci, son niveau le plus faible depuis sa création en 1967. Il fracasse le plancher record de 37,4 points établi en janvier. Les experts, qui s'attendaient à une certaine détérioration compte tenu de la montée rapide du chômage, avaient tablé sur un score de 35. Ce qui paraît des plus déprimants dans cette mesure, c'est la composante des attentes qui connaît le plus grand recul du mois.

 

«Comme les résultats du sondage du Conference Board remontent au 18 février, la baisse de 5% de l'indice Dow Jones depuis cette date laisse croire que les ménages sont présentement encore plus déprimés», estime Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

La glissade a été momentanément stoppée hier après-midi après une remarque opportune du président de la Réserve fédérale, Ben S. Bernanke, qui témoignait devant un comité sénatorial.

«Je ne vois aucune raison pour détruire la valeur d'une institution ou de créer une montagne d'incertitudes juridiques en essayant de nationaliser formellement une banque si ce n'est pas nécessaire», a-t-il dit.

En matinée devant les membres du Congrès, M. Bernanke avait adopté un ton plus sombre, comme s'il avait voulu préparer le terrain à l'intervention vespérale du président Obama. «Si les mesures prises par l'administration, le Congrès et la Réserve fédérale réussissent à faire revenir une certaine forme de stabilité financière, et dans ce seul cas à mon avis, il y a une perspective raisonnable que la récession s'achève en 2009 et que 2010 soit une année de reprise», a-t-il estimé.

Ancien conseiller de George W. Bush, M. Bernanke a été nommé par ce dernier pour remplacer Alan Greenspan. Celui que les néo-libéraux avaient nommé le plus grand économiste du XXe siècle est aujourd'hui montré du doigt comme un des grands artisans malgré lui du marasme mondial présent.

M. Bernanke a aussi répété qu'il faudra au moins deux ou trois ans avant que l'économie américaine soit pleinement rétablie.

L'action concertée des autorités vise à briser un cercle vicieux. Celui du chômage en hausse et de la fonte de la richesse des ménages avec la chute de prix des maisons et des placements boursiers qui freine la consommation, ce qui a pour effet de nourrir le chômage.

Le caractère mondial de la récession plombe les exportations des États-Unis, a-t-il aussi rappelé.

La consommation, qui compte pour plus des deux tiers de l'économie américaine, a reculé de 3,5% au quatrième trimestre, après un premier repli de 3,8% durant l'été. Il s'agissait du premier doublé de plus de 3% depuis le début de la série statistique en 1947.

Le prix des maisons a pour sa part continué de reculer en décembre. Au rythme annuel de 18,5%, il s'agissait de la pire chute de l'indice S&P/Case-Shiller qui mesure l'évolution des prix dans les 20 principales villes des États-Unis. L'indice a reculé tous les mois depuis janvier 2007. Ce qui affole certains observateurs, c'est l'accélération apparente de sa chute. Au quatrième trimestre, le recul annualisé s'élevait 18,2%, comparativement à 16,6%, trois mois plutôt.

L'augmentation rapide du nombre de saisies explique la chute des prix, très concentrée dans les villes du sud comme Phoenix, Las Vegas, Miami et San Francisco, là où la bulle immobilière a été la plus gonflée.

La semaine dernière, le président Obama a d'ailleurs présenté un plan de 75 milliards US pour endiguer la vague de saisies en permettant aux ménages de renégocier leurs prêts auprès des institutions qui recevront des incitatifs pour se montrer plus accommodantes.