Jugé trop complexe dans sa structure, trop vague sur certaines dispositions essentielles, le plan Geithner de stabilisation du système financier a eu pour première conséquence un plongeon des marchés, déçus de ne pas y trouver de solution miracle à la crise.

Le programme présenté «semble n'être qu'un nouvel exemple des interventions ratées observées depuis un an et demi: optimistes et peu concluantes», a lancé l'éditorialiste du Financial Times Martin Wolf sur le site du quotidien.

Un avis qu'ont semblé partager les investisseurs. À la Bourse de New York, l'indice vedette Dow Jones a plongé de 4,62%, retombant sous le seuil des 8000 points. Le Nasdaq a cédé 4,20% et l'indice Standard & Poor's, plus représentatif de par sa composition élargie, 4,91%.

À Toronto, l'indice composite S&P/TSX a mis fin à une séquence de cinq séances haussières consécutives en retraitant de 229,39 points, pour clôturer à 8817,89 points, plombé, notamment, par la dégringolade des titres financiers.Le dollar canadien a perdu 1,97 cent US à 80,24 cents US. La déception de l'annonce de M. Geithner s'est traduite par des désinvestissements massifs dans plusieurs devises.

En Europe, les marchés, qui n'ont disposé que de quelques minutes pour réagir, ont aussi accusé le coup: Paris a lâché 3,64%, Londres 2,19% et Francfort 3,46%.

En baisse modeste à l'ouverture, les indices de Wall Street ont plongé alors que s'exprimait le secrétaire au Trésor Tim Geithner.

Ses mesures, dont l'essentiel avait été révélé par la presse ces derniers jours, avaient été anticipées en fin de semaine dernière par le marché, qui était nettement monté, et les analystes avaient averti d'un probable repli à leur annonce.

«Le plan est compliqué, cela n'aide pas», a ajouté Mace Blicksilver, directeur du gestionnaire d'actifs Marblehead Asset Management.

Le Trésor va notamment créer une structure à capitaux mixtes public-privé pour reprendre les actifs douteux qui plombent les bilans des banques.

Cette dernière mesure est «subtile», selon Gregori Volokhine, responsable de la stratégie de Meeschaert New York. «Mais le marché n'a pas apprécié la subtilité proposée».

D'autant que M. Geithner est apparu «comme un technocrate qui lit son papier et annonce des mesures qui demandent à être affinées», a relevé l'analyste. «Il n'y a pas de baguette magique. Il a prévenu que la route serait longue. Quand on dit ça à un investisseur, il vend.»

Les 30 valeurs composant l'indice Dow Jones ont fini dans le rouge, mais les valeurs bancaires ont accusé les reculs les plus marqués: Bank of America a dévissé de 19,30% et Citigroup de 15,19%.

Pour David Kotok, président de Cumberland Advisors, le secrétaire au Trésor est resté «vague, à dessein». «Les marchés et le pays veulent de la clarté, de la transparence et de la fiabilité. À la place, ils ont eu des promesses».

Même constat pour Elsa Dargent, de Natixis, qui avoue trouver le plan «décevant: il manque de détails sur la mise en oeuvre des différentes structures».

«Le diable sera dans les détails de la construction de la structure de défaisance et dans le mécanisme d'évaluation» des actifs rachetés aux banques, a renchéri Douglas Elliott, de l'institut Brookings.

Très vague sur le premier point, M. Geithner n'a pas apporté de réponse au deuxième. C'est pourtant à cette épineuse question que s'était heurtée l'administration précédente, qui avait renoncé à cette idée.

Le rachat de ces actifs «sera extrêmement risqué à mettre en oeuvre», a prévenu M. Elliott.

Les investisseurs ont aussi été déçus par l'absence d'assouplissement des règles imposant l'évaluation des actifs des banques à leur valeur de marché, contrairement aux rumeurs qui couraient ces derniers jours.

«C'est un peu triste comme réaction de marché», a soupiré Gregori Volokhine. «Si le marché ne donne pas le bénéfice du doute au plan, qu'on commence à le démolir alors qu'il n'est pas mis en oeuvre, on détruit encore plus l'économie», a-t-il jugé.