Les entreprises américaines continuent de licencier à tour de bras dans tous les secteurs d'activité et les États-Unis semblent désormais engagés dans une tendance à la destruction de plus d'un demi million d'emplois par mois.

Selon l'étude du cabinet en ressources humaines ADP publiée mercredi, le secteur privé américain a détruit 522 000 emplois (hors agriculture) en janvier.

L'ampleur des pertes d'emplois est supérieure à ce que prévoyaient les analystes, qui tablaient sur 515 000 suppressions nettes de postes.

ADP a toutefois révisé en baisse son estimation des pertes du mois précédent à 659 000, au lieu des 693 000 annoncés initialement.

Selon ADP, le secteur des services, qui assure près de 85% de l'emploi non agricole aux États-Unis, a perdu 279 000 postes en janvier.

Selon l'indice des directeurs d'achats publié mercredi par l'association professionnelle ISM, l'activité dans ce domaine vital pour la première économie mondiale a continué de baisser en janvier, à un rythme cependant moins rapide qu'en décembre. Néanmoins, l'indice de l'emploi dans le secteur reste très déprimé (à 34,4 points en janvier, contre 34,5 en décembre).

De con côté, avec une main-d'oeuvre en baisse constante depuis deux ans, l'industrie a encore perdu 243 000 emplois en janvier, dont 160 000 dans le secteur manufacturier, indique ADP.

En janvier, les grandes entreprises, comptant 500 salariés ou plus, ont supprimé 49 000 emplois, les entreprises moyennes (de 50 à 499 salariés) 120 000, et les petites entreprises 74 000.

Publiée deux jours avant les chiffres officiels de l'emploi du département du Travail, qui couvrent à la fois le secteur privé et le secteur public, l'enquête ADP donne généralement un avant-goût de ce que seront ceux-ci.

Les analystes s'attendent que le rapport du ministère fasse apparaître 500 000 suppressions d'emplois en janvier, après 524 000 en décembre et 584 000 en novembre. Le taux de chômage est attendu à 7,5%, ce qui n'est pas arrivé depuis septembre 1992, après les 7,2% relevés en décembre.

Pour Elsa Dargent, économiste de Natixis, les chiffres d'ADP annoncent bien un demi million de suppressions d'emplois dans le rapport de vendredi.

Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, craint lui un chiffre encore pire. Mais un chose est sûre, écrit-il, c'est «que le désastre continue sur le marché du travail, dans la mesure où les entreprises de toutes les tailles et dans tous les secteurs suppriment des postes».

Dans une autre étude publiée mercredi, le cabinet Challenger, Gray & Christmas relève que les entreprises américaines ont annoncé en janvier leur intention de supprimer 241.749 emplois, du jamais vu depuis janvier 2002.

L'ampleur des destructions d'emplois constatées depuis plusieurs mois donne une bonne idée de l'état de l'économie américaine, entrée dans la phase la plus brutale de la récession commencée officiellement en décembre 2007.

Dans un entretien publié mercredi par le Wall Street Journal, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner estime qu'il ne faut pas tergiverser sur les moyens à mettre en oeuvre pour combattre la crise.

Le président Barack Obama a indiqué que le Trésor annoncerait la semaine prochaine une nouvelle stratégie pour relancer le système financier. Ces mesures viendront compléter le plan de relance d'un total compris entre 800 et 900 milliards discuté actuellement au Congrès et censé créer ou sauvegarder entre 3 et 4 millions d'emplois.