À quelle crise du passé comparer la récession actuelle aux États-Unis ? L'idée se répand qu'il s'agit de la crise la plus dure depuis la Grande Dépression des années 1930, mais la comparaison avec le début des années 1980 semble plus pertinente.

«La situation d'aujourd'hui ressemble plus à 1981-1982 qu'aux années 1930», relève Carl Weinberg, économiste de l'institut High Frequency Economics.

Et M. Weinberg de citer une conversation qu'il a eue récemment avec Lawrence Klein. «Aujourd'hui vous allez à la banque et vous n'obtenez pas de prêt», lui disait ce lauréat du prix Nobel d'économie, né en 1920. «Pendant la Dépression, vous seriez allé à la banque et elle aurait été fermée».

Le produit intérieur brut de la première économie mondiale a reculé de 0,5% en rythme annuel au troisième trimestre 2008, et de 3,8% au quatrième, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce.

Ce recul du PIB de l'automne est le plus fort enregistré depuis les trois premiers mois de 1982, pendant lesquels l'activité avait reculé de 6,4%. Cette baisse avait suivi un recul de 4,9% le trimestre précédent.

La crise de l'économie américaine est donc pour l'instant moins forte qu'elle ne l'avait été lors de la récession de 1981-1982. Mais cette situation peut être amenée à changer: la tendance actuelle laisse présager d'une poursuite de la chute du PIB au premier semestre, alors qu'en 1982, l'activité s'était reprise au printemps avec un PIB en hausse de 2,2%.

Selon le Bureau national de la recherche économique (NBER), chargé de dater officiellement le début et la fin des cycles économiques aux États-Unis, la récession actuelle a commencé en décembre 2007. Elle devrait donc facilement devenir la crise la plus longue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Pour le NBER, qui définit une récession plus largement que sur le seul critère de deux trimestres consécutifs de recul du PIB, les deux récessions les plus longues de l'après-guerre ont duré 16 mois, de novembre 1973 à mars 1975, et de juillet 1981 à novembre 1982.

Si l'on se réfère à l'emploi, sans doute un des meilleurs indicateurs pour mesurer les effets d'une crise, la récession actuelle est pour l'instant loin d'être la plus violente de l'après-guerre.

Selon une étude menée par la Banque de Réserve fédérale de Minneapolis, sur les 10 récessions recensées depuis 1945, c'est celle de 1948-1949 qui a été la plus rude pour l'emploi: celle-ci avait fait perdre au plus fort de la crise 5% des postes de travail du pays.

Avec une perte cumulée de 1,9% de la main d'oeuvre au bout d'un an de récession, la crise actuelle reste aussi moins violente que celle de 1981-1982.

Bonne référence dans la mesure où elle est encore dans les esprits de la majorité de la population, la récession de 1981-1982 n'a été que la quatrième plus destructrice pour l'emploi depuis 1945.

Dans un article récent, le New York Times relevait que, même en ajoutant les chômeurs découragés et les personnes contraintes de travailler à temps partiel du fait de la conjoncture, le taux de chômage atteignait 12,8% en décembre (au lieu du taux officiel de 7,4%) contre 16,3% lors du pic de 1982.

Il est vrai toutefois que la déprime des consommateurs - dont le moral est au plus bas depuis 1967 - et la chute des investissements des entreprises --sans égale depuis 1980-- peuvent laisser penser que la situation pourrait changer, pour le pire.