Le produit intérieur brut américain devrait avoir enregistré au quatrième trimestre 2008 sa plus forte contraction depuis un quart de siècle, avertissent les économistes à deux jours de la publication des chiffres de la croissance de la première économie mondiale.

Dans leur consensus, les analystes tablent sur un recul du PIB américain de 5,4% à un rythme annuel pendant les trois mois allant d'octobre à décembre, après une amorce de contraction de 0,5%, au troisième trimestre.La première estimation du PIB diffusée par le département du Commerce devrait faire apparaître le plus fort recul de la création de richesse depuis le premier trimestre 1982. Le PIB avait alors reculé de 6,4%.

Les chiffres officiels devraient confirmer que la consommation, moteur traditionnel de la croissance américaine (puisqu'elle contribue aux deux tiers du PIB en temps normal) est effectivement en panne.

Selon les analystes, elle devrait avoir baissé à peu près autant qu'au troisième trimestre, où elle avait reculé de 3,8% en rythme annuel, faisant perdre 2,75 points de croissance au pays.

Cette chute avait été amortie par une contribution positive des dépenses de l'État, du commerce extérieur, de l'investissement, et par un effet de variation des stocks favorable.

Mais la baisse des échanges des États-Unis observée depuis octobre laisse présager que le pays n'a pas pu compter sur le soutien du commerce extérieur au quatrième trimestre. Au troisième trimestre, les exportations nettes des États-Unis avaient apporté 1,05 point de croissance à l'économie.

Il en va de même en ce qui concerne les investissements, qui n'avaient pu apporter 0,06 point de croissance au troisième trimestre que grâce à une hausse des stocks des entreprises. En excluant les stocks, l'investissement avait reculé de 5,3%, surtout dans l'immobilier résidentiel, pour le 11e trimestre de suite, et non résidentiel, pour la première fois depuis fin 2006.

L'intensification de la crise a forcé nombre d'entreprises à revoir à la baisse leurs investissements. Soit elles sont contraintes de les reporter dans l'attente d'un climat plus favorable, soient elles doivent purement et simplement les annuler dans l'impossibilité de trouver les financements nécessaires.

Brian Bethune et Nigel Gault, économistes de l'institut IHS Global Insight, résument la situation en écrivant que les chiffres officiels devraient faire apparaître «une baisse en piqué» de la consommation, de la construction de logements, des investissements productifs et des exportations.

«La seule composante majeure de la demande qui devrait augmenter est celle de la construction d'infrastructures, dont ce serait le chant du cygne», écrivent-ils.

Pour Seamus Smyth, analyste de Goldman Sachs, le quatrième trimestre devrait avoir été marqué par la «cinquième plus forte baisse [du PIB] de l'Après-Guerre», et les premières observations pour le mois de janvier ne sont guère encourageantes.

Les chiffres de vendredi devraient plaider fortement en faveur de l'adoption rapide du plan de relance en discussion au Congrès, les dépenses de l'État fédéral et des collectivités locales apparaissant comme les seules actuellement capables d'apporter un peu d'air à l'économie américaine.