(Lloydminster) Husky Energy a été condamnée à une amende de 3,8 millions, mercredi, après avoir plaidé coupable à des accusations d’ordre environnemental liées à une fuite d’oléoduc qui a entraîné un déversement de pétrole dans une grande rivière et pollué la source d’eau potable de milliers de personnes.

Le déversement dans la rivière Saskatchewan Nord, en juillet 2016, a contraint les villes de North Battleford, Prince Albert et Melfort à fermer leurs prises d’eau pendant près de deux mois.

Husky, établie à Calgary, a plaidé coupable à une accusation provinciale et deux accusations fédérales devant un tribunal provincial à Lloydminster, en Saskatchewan, plus tôt mercredi.

Les deux accusations fédérales en vertu de la Loi sur les pêches et de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs ont trait au dépôt d’une substance nocive dans des eaux fréquentées par des poissons et des oiseaux.

La condamnation provinciale concerne le fait d’avoir « permis le rejet d’une substance […] dans l’environnement », causant un effet néfaste.

Les procureurs fédéraux ont retiré sept autres accusations.

Environ 40 % des 225 000 litres de pétrole lourd dilué provenant de l’oléoduc de Husky, près de Maidstone, dans le centre-ouest de la Saskatchewan, se sont déversés dans la rivière.

Cela a provoqué une nappe de pétrole qui s’est répandue à des centaines de kilomètres en aval.

Les accusations ont été annoncées en mai 2018, après une enquête fédérale-provinciale de 19 mois.

Husky s’était déjà excusée pour le déversement et avait déclaré qu’elle en assumait l’entière responsabilité. La société a expliqué que le pipeline avait gondolé et fui à cause des mouvements du sol.

La canalisation a été autorisée à redémarrer en octobre 2016, après avoir été réparée et inspectée.

La société a estimé que les coûts de nettoyage dépassaient 107 millions, et que plus de 90 % du pétrole déversé avait été récupéré.

Le nettoyage jugé insuffisant

Dans une déclaration de la victime présentée mercredi, trois communautés autochtones de la région ont fait valoir que le nettoyage n’était pas suffisant.

Le chef Wayne Semaganis s’est exprimé au nom de la Première Nation de Little Pine, ainsi que des bandes Sweetgrass et Red Pheasant.

Il a ajouté que les oiseaux, les animaux sauvages et les poissons comme le doré et le grand brochet subissaient encore les effets de la contamination par les hydrocarbures. En conséquence, les communautés autochtones de la région ont perdu l’usage traditionnel de leurs terres, a-t-il dit.

« Nous ne pêchons plus dans la rivière. Nous ne trappons plus sur les terres des réserves. Nous ne cultivons plus sur les terres des réserves », a-t-il affirmé.

« Nous ne buvons plus d’eau provenant des réserves. En fait, plusieurs ne boivent que de l’eau embouteillée. »

Les villes de North Battleford et de Prince Albert ont également déposé devant le tribunal des déclarations de la victime.

La déclaration de Prince Albert, lue par le procureur de la Couronne, indique que le déversement a provoqué des perturbations et des tensions considérables pour de nombreuses parties, ainsi que des pertes pour les particuliers et les entreprises.

Les parcs à jets d’eau ont été fermés au plus fort des vacances d’été. Les buanderies ont été fermées. Les lave-autos ne pouvaient pas fonctionner et des entreprises ont dû fermer.

« La Ville a été contrainte de mettre en place son centre d’opérations d’urgence », précise la déclaration.