Au lendemain de la confirmation par Hydro-Québec du fait que le lockout à l'Aluminerie de Bécancour l'avait privée de 165 millions, les parties ont rencontré séparément, jeudi, le ministre du Travail, Jean Boulet, à Québec.

Le syndicat en est sorti déçu. Mais le ministre dit vouloir lancer « un message d'espoir, de confiance ».

Le ministre du Travail est revenu à la charge avec l'idée de présenter une hypothèse de règlement aux deux parties, dans le but que chacune la soumette à ses instances décisionnelles. L'idée avait déjà été évoquée lors des nombreuses tentatives pour rapprocher les parties.

« J'envisage de façon très sérieuse de présenter une hypothèse de règlement aux deux parties », a-t-il affirmé, en se disant prêt à le faire « assez rapidement ».

« Ça pourrait être une question de jours. »

Après avoir rencontré séparément le syndicat et la direction, le ministre Boulet a rapporté avoir senti « encore une volonté de négocier » des deux côtés. Mais il s'est lui-même interrogé, sans y répondre, quant à savoir si le comportement des deux parties traduisait dans la réalité ce discours d'ouverture à négocier.

Syndicat déçu

Le syndicat, de son côté, s'est montré désillusionné. « Je ne base pas mes espoirs sur le gouvernement, ni le présent, ni le passé », a laissé tomber en entrevue Clément Masse, président de la section locale 9700 du syndicat des Métallos, affilié à la FTQ.

« Rééquilibrer le rapport de forces, c'est ce qu'on leur demande de faire », a plaidé M. Masse, en faisant référence au contrat d'électricité à tarif préférentiel dont jouit ABI.

« C'est à cause de ça que ça s'étire », opine-t-il. Or, le ministre Boulet a opposé « une fin de non-recevoir » à l'idée de renégocier ce contrat d'électricité, a-t-il rapporté.

Les 1030 travailleurs d'ABI ont été mis en lockout par la direction le 11 janvier 2018, à 3 h du matin, après leur rejet des offres patronales. Depuis, de nombreux efforts ont été déployés pour tenter de rapprocher les parties, en vain.

Mercredi, Hydro-Québec a confirmé que ce lockout l'avait privée d'une somme d'environ 165 millions. Le contrat à tarif préférentiel qui lie ABI à Hydro-Québec prévoit en effet qu'elle peut s'abstenir d'acheter tout le bloc d'électricité qu'Hydro-Québec lui réserve, en cas de force majeure. Or, le contrat prévoit qu'un lockout est considéré comme un cas de force majeure, même s'il est décidé librement par la direction.

La semaine dernière, des séances de négociation entre les deux parties qui étaient prévues ont dû être annulées, après que la direction d'ABI eut annoncé qu'elle voulait prendre un temps de réflexion. Elle avait dit estimer que les négociations avec le syndicat n'avançaient pas suffisamment.

Depuis, c'est au « point mort », a indiqué M. Masse, du syndicat des Métallos.

À l'Assemblée nationale, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a indiqué que le manque à gagner de 165 millions pour Hydro-Québec était « dû à une mauvaise entente signée en 2008 » par le précédent gouvernement. L'entente liant ABI à Hydro vaut d'ailleurs jusqu'en 2028.