La valeur des placements de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) investis dans des entreprises d'hydrocarbures a diminué de 3 milliards depuis au moins sept ans.

C'est ce que conclut une analyse des placements rendue publique jeudi matin par l'organisme Sortons la Caisse du carbone, un mouvement qui milite pour que la CDPQ désinvestisse dans les combustibles fossiles.

L'organisme a ainsi analysé, année après année, le rendement des 50 entreprises du secteur de l'exploitation gazière et pétrolière dans lesquelles la CDPQ détenait ses plus grands investissements boursiers, entre 2011 et 2018.

Durant cette période, ces sociétés ont enregistré des pertes de leur valeur de 4,3 %, soit environ 3 milliards, calcule l'organisme. « Carbone 50 (l'indice créé pour mesurer le rendement des 50 entreprises) a généré un rendement négatif au cours de six des huit dernières années étudiées », peut-on lire.

Seules les années 2013 et 2016 ont affiché un rendement positif, à 12,2 % et 28,7 % respectivement, calculent les analystes.

L'organisme estime que si les fonds avaient été investis dans d'autres secteurs, ils auraient pu générer entre 7,8 et 10,8 milliards de rendement supplémentaire, en fonction de la performance des autres indices comparés.

Le groupe rappelle également une analyse similaire de l'organisme Corporate Knights, qui avait évalué à 7,2 milliards la perte de rendement de la Caisse entre 2011 et 2015, dans le secteur des énergies fossiles.

L'organisme Sortons la Caisse du carbone attribue la baisse générale de la valeur des entreprises pétrolière et gazière à la transition énergétique qui s'opère graduellement, la baisse des coûts des énergies renouvelables et de leur technologie, la hausse des ventes des véhicules électriques, le coût croissant de l'exploitation des hydrocarbures, etc.

Les analystes de l'organisme estiment à 18,5 milliards la valeur des investissements de la CDPQ dans les énergies fossiles. Ils pressent la Caisse de désinvestir rapidement en raison du risque de « dépréciation sans précédent » des actifs du secteur du pétrole d'ici à quatre ans.

« Nos rapports n'ont jamais été réfutés par la Caisse, ni en tout ni en partie, du moment où nos analyses se basent sur des chiffres fournis par la CDPQ elle-même », a tenu à souligner un porte-parole de l'organisme, Diego Creimer, qui est rattaché à la Fondation David Suzuki.

En 2017, la CPDQ avait indiqué son intention de faire passer de 16 à 24 milliards ses investissements dans les actifs « sobres en carbone », d'ici à 2020. La Caisse avait du même souffle fait savoir qu'elle voulait que l'empreinte carbone de chaque dollar investi diminue de 25 % d'ici à 2025.

Rappelons que la Caisse de dépôt et placement du Québec gérait en 2018 un actif de plus de 308 milliards provenant de 40 grands régimes de retraite et d'assurance.