Le groupe minier américain Newmont Mining Corporation va débourser 10 milliards de dollars pour racheter son concurrent canadien Goldcorp et devenir un géant mondial de l'or, opérant ainsi une nouvelle grande manoeuvre dans le secteur.

Avec cette fusion, la nouvelle société baptisée Newmont Goldcorp prendrait en effet la place de numéro un dans le monde en termes de production du métal précieux au canadien Barrick Gold, qui avait annoncé en septembre le rachat pour quelque six milliards de dollars de son concurrent britannique Randgold.  

En 2017, Newmont et Goldcorp avaient au total produit 7,9 millions d'onces d'or quand Barrick et Randgold réunis en avaient miné 6,6 millions.  

Pour convaincre les actionnaires, Newmont a proposé d'offrir 32,80 % d'une de ses actions pour chaque action Goldcorp.

Les actionnaires de Newmont possèderont 65 % environ du capital de la nouvelle structure, contre 35 % pour ceux de Goldcorp.  

La nouvelle entreprise devait être basée à Denver et cotée sur les Bourses de New York et de Toronto.

« L'alliance va créer le numéro un mondial du marché de l'or, avec les meilleurs actifs, les meilleures perspectives, les meilleures opportunités de création de valeur », s'est félicité Gary Goldberg, patron de Newmont.

Repli du prix de l'or

« Notre stratégie a fait ses preuves et nous avons un plan rigoureux pour tirer pleinement parti de cette association. Nous espérons que cette synergie nous permettra de générer jusqu'à 100 millions de dollars d'économies annuelles avant impôts », a-t-il ajouté.

Les dirigeants prévoient parallèlement de vendre pour 1 à 1,5 milliard de dollars d'actifs dans les deux prochaines années.  

Newmont Goldcorp, la nouvelle entité formée, entend également offrir à ses actionnaires le dividende « le plus élevé parmi les producteurs d'or », à 0,56 dollar par action.

« En plus de la profondeur et de la qualité de nos opérations, de nos projets, de l'exploration et de nos réserves, les actifs de la nouvelle entreprise seront situés dans les juridictions minières les plus favorables du monde », s'est pour sa part réjoui David Garofalo, président de Goldcorp.

En fusionnant, les deux entreprises peuvent espérer produire 6 à 7 millions d'onces d'or par an sur les dix prochaines années. L'ensemble sera présent sur le continent américain (75 % de son activité), en Australie (15 %) et au Ghana (10 %).

Alors que le prix de l'or s'est affaissé de 14 % entre janvier et août 2018, les entreprises aurifères tentent de réduire leurs coûts opérationnels en opérant à plus grande échelle.

Parallèlement l'action de Goldcorp a plongé en octobre à son plus bas niveau depuis 2002, quand elle a fait part d'une production moins importante que prévu et de coûts plus élevés qu'anticipés au troisième trimestre.

« Quand les chiffres font sens, les entreprises préfèrent acheter d'autres entreprises, car cela leur revient moins cher que d'essayer de trouver de nouvelles mines et d'investir », a souligné Edward Meir, spécialiste des cours des métaux pour Commodity Research Group.  

« Et quand les prix reculent rapidement, la pression s'accroît d'autant », a-t-il ajouté en soulignant toutefois que les cours de l'or avaient rebondi d'environ 10 % depuis août.  

À la Bourse de New York lundi, les investisseurs accueillaient fraîchement l'annonce de l'opération, le titre de Newmont reculant vers 12 h 40 de 8,31 %. L'action de Goldcorp montait de 6,84 % à la Bourse de Toronto.