La population de Saint-Michel-des-Saints voit d'un bon oeil le projet de l'entreprise Nouveau Monde Graphite d'investir près de 300 millions de dollars dans une mine à ciel ouvert dans leur localité.

Une majorité d'entre eux, soit 83 %, croit que le projet aura un impact « très positif » ou « assez positif », selon un sondage Léger réalisé à la demande de l'entreprise auprès de 330 résidants de Saint-Michel-des-Saints et de Saint-Zénon.

Même si le projet est contesté par un groupe de citoyens, surtout des villégiateurs, huit répondants sur dix se disent sensibles à la création d'emplois et au développement économique qu'il apportera.

Au total, seulement 9 % des répondants se disent contre le projet minier, mais la moitié l'associe à des impacts négatifs pour l'environnement, comme le bruit, le déboisement et l'eau potable.

Éric Désaulniers, président et chef de la direction de Nouveau Monde Graphite, estime que cet appui de la population est précieux. « Le sondage fait partie de l'étude d'impact en préparation qui sera déposée en février au ministère de l'Environnement », a-t-il dit à La Presse.

Il souligne que 84 % des répondants sont d'avis que l'entreprise a fait les efforts nécessaires pour les informer sur le projet de mine.

UN SONDAGE BIAISÉ

Les opposants au projet de Nouveau aMonde Graphite ne sont pas surpris par les résultats du sondage. Il s'agit d'un sondage biaisé, selon eux. « Ils ont interrogé les résidants de Saint-Michel-des-Saints, alors que c'est toute la région qui s'inquiète du projet de mine à ciel ouvert », a commenté Daniel Tokateloff, de l'Association de protection du lac Taureau.

Une grande partie de l'opposition vient de villégiateurs, reconnaît-il.

« Les gens qui ont choisi la région pour sa tranquillité ne veulent pas d'une mine à ciel ouvert de la taille de celle de Malartic. » - Daniel Tokateloff

Le projet de Nouveau Monde Graphite, qui vise le marché des batteries pour véhicules électriques, a d'abord été estimé à 52 000 tonnes de graphite par an. Il a doublé à 100 000 tonnes à la suite de l'étude de faisabilité. L'entreprise a mis en service une usine de démonstration à Saint-Michel-des-Saints, qui a produit cet automne 6 tonnes de concentré de graphite destiné aux clients potentiels.

Ces résultats « dépassent nettement les attentes de l'équipe », a fait savoir hier Karl Trudeau, chef des opérations de Nouveau Monde Graphite.

Le projet doit être soumis à l'examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) à la fin de 2019.

Les opposants se préparent à combattre le projet devant le BAPE. « On a deux espoirs, soit que le projet soit abandonné pour des raisons environnementales, ou qu'il le soit pour des raisons économiques », dit Daniel Tokateloff.

Selon lui, il y a plusieurs autres projets de mine de graphite au Québec et ailleurs dans le monde. Ces projets ne se réaliseront pas tous, d'autant que le marché des batteries évolue vers d'autres technologies que celle au lithium-ion, qui utilise du graphite.

Nouveau Monde Graphite a reçu l'appui du gouvernement du Québec et compte la Caisse de dépôt et placement ainsi que le Fonds de solidarité FTQ parmi ses actionnaires. Ses actions sont inscrites à la cote de la Bourse de croissance TSX et ont clôturé à 29 cents hier. Depuis un an, le titre a varié entre 25 et 47 cents.