Quelques centaines de syndiqués ont manifesté devant le siège social d'Hydro-Québec mercredi matin pour défendre les travailleurs de l'Aluminerie de Bécancour qui sont en lock-out depuis plus de dix mois.

Les manifestants en soutien aux employés d'ABI ont ciblé la société d'État, car l'aluminerie continue d'être exploitée par des cadres en bénéficiant d'un tarif d'électricité préférentiel.

Le contrat avec Hydro-Québec prévoit que l'aluminerie pourra ne pas acheter la totalité de l'hydroélectricité qu'elle s'était engagée à acheter en cas d'« Act of God ». Un tel « Acte de Dieu » est généralement associé à une catastrophe imprévisible comme une tornade. Or, le lock-out est considéré comme un « Act of God » dans ce contexte, bien qu'il ait été décrété par la direction.

« Les forces ne sont pas égales dans ce dossier-là ! », a tonné Alain Croteau, le directeur québécois du Syndicat des Métallos, qui représente les travailleurs d'ABI.

« On va demander au gouvernement qu'il interdise ces contrats-là », a-t-il ajouté devant la foule.

Les lockoutés étaient accompagnés de plusieurs autres syndiqués de la FTQ venus les appuyer.

« On finance l'employeur qui "crisse" les travailleurs et les travailleuses dans la rue et ça, ça [n'a] pas de bon sang », a lancé dans son discours le président de la FTQ, Daniel Boyer.

« Ce conflit-là doit prendre fin le plus rapidement possible pour que les travailleurs et travailleuses d'ABI, pour que l'ensemble de la région, puissent économiquement se relever », a-t-il ajouté.

Les marcheurs s'étaient rencontrés devant les bureaux du copropriétaire d'ABI, Alcoa, à la Place Ville-Marie. Escortés par de nombreux policiers, ils ont ensuite longé la rue René-Lévesque pour rejoindre les bureaux d'Hydro-Québec.

Cet événement s'est tenu à deux jours de la date butoir fixée par le nouveau ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, qui, au début du mois, a mis sur pied un conseil de médiation en vue d'arriver à une entente d'ici le 30 novembre.

Le lock-out des 1030 travailleurs avait été décrété le 11 janvier dernier, au lendemain du rejet des offres patronales.

L'Aluminerie de Bécancour est propriété à 75 % d'Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.