Si le Maine dit non à la ligne de transport qui doit permettre à Hydro-Québec d'exporter plus d'électricité, le Vermont offre au Québec de passer par son territoire pour rejoindre le Massachusetts.

« Nous avons un conduit qui passerait sous le lac Champlain et qui a tous les permis requis », a rappelé hier le gouverneur du Vermont, Phil Scott, lors d'un entretien avec La Presse.

M. Scott, qui était à Montréal et qui venait de rencontrer pour la première fois le premier ministre François Legault, en a profité pour rappeler l'existence du projet New England Clean Power Link, une ligne de transport d'électricité longue de 150 milles (250 km) qui traverserait tout le Vermont pour rejoindre le réseau de la Nouvelle-Angleterre, la plus grande partie enfouie sous le lac Champlain. L'électricité pourrait atteindre le Massachusetts, qui a conclu une entente d'approvisionnement de 20 ans avec Hydro-Québec. Cette entente est conditionnelle à la construction d'une nouvelle ligne de transport.

Un premier projet, Northern Pass, a été rejeté par l'État du New Hampshire et un autre, qui passe par le Maine, chemine actuellement dans le long processus réglementaire.

Le lien qui passe par le Vermont « est prêt à construire et pourrait être mis en place très rapidement », a soutenu hier le gouverneur républicain.

« Je crois que ça peut être bénéfique pour le Québec et pour le Massachusetts, et pour le Vermont. » - Phil Scott, gouverneur du Vermont

Le Vermont achète déjà de l'électricité du Québec, mais il pourrait en acheter davantage, a indiqué le gouverneur Scott. « Notre objectif est que 90 % de notre énergie soit renouvelable d'ici 2050 et nous allons l'atteindre », a-t-il assuré.

PAS COMME TRUMP

Le gouverneur Phil Scott connaît bien le Québec, notamment les endroits spécialisés dans les « stock cars » comme Saint-Eustache, Saint-Pie et Sainte-Croix, parce qu'il est un adepte de ce genre de courses automobiles depuis 30 ans. Il a connu personnellement les premiers ministres Jean Charest et Philippe Couillard, et depuis hier, il connaît aussi François Legault.

Sa visite à Montréal suit la signature d'une entente de coopération économique avec le premier ministre Philippe Couillard, en août 2018. L'intention est d'augmenter les échanges entre des voisins qui ont déjà beaucoup en commun, a-t-il dit.

Le Vermont courtise particulièrement les entreprises québécoises du secteur de l'aéronautique qui ont besoin d'une présence sur le sol américain pour pouvoir décrocher des contrats militaires. Le gouverneur Scott a donné comme exemple M1 Composites, une entreprise de Laval qui a le vent dans les voiles.

Selon lui, les relations commerciales plus difficiles entre le Canada et les États-Unis sous l'administration Trump n'ont pas eu d'impact sur les liens entre le Québec et le Vermont, et notamment sur le nombre de touristes qui traversent la frontière.

« Je ne crois pas, a-t-il soutenu. J'ai toujours dit que l'accord de libre-échange était trop important pour les deux pays. Même si M. Trump et moi sommes du même parti, nous n'avons pas le même style. »

Le gouverneur Phil Scott espère que les tarifs qui frappent toujours l'acier et l'aluminium du Canada disparaîtront, parce qu'ils font mal à l'économie des deux pays.

« Ce n'est pas une stratégie que j'utiliserais. » Les tarifs sont une arme qu'il faut utiliser contre ses adversaires, pas avec des amis comme le Canada, a-t-il poursuivi.