L'OPEP s'est inquiétée mardi d'une offre excédentaire de brut sur le marché, avec une demande plus faible que prévu, entraînant une lourde chute des cours du brut, déjà en pleine série noire.

Le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en janvier a fini à 65,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 4,65 dollars par rapport à la clôture de lundi, sa sixième chute de suite. Le Brent évolue à son plus bas niveau depuis mars.

Sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de décembre a cédé 4,24 dollars, à 55,69 dollars, sa plus forte baisse en une séance depuis septembre 2015.  

Le WTI a clôturé à l'occasion à son plus bas niveau depuis novembre 2017 et affiche un nombre record (12) de séances de recul de suite.

La demande mondiale devrait croître de 1,50 million de barils par jour (mbj) par rapport à 2017, une révision à la baisse de 40 000 barils par jour par rapport à la prévision du mois dernier, selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Elle table désormais sur une demande de 98,79 mbj en 2018.

Ce changement s'explique par une demande moindre que prévu en provenance du Moyen-Orient et, dans une moindre mesure, de Chine, indique l'OPEP, dont les membres (Arabie saoudite, Irak, Iran, Émirats, Koweit, Nigeria...) doivent se réunir le 6 décembre à Vienne pour décider de leur politique.

Pour l'an prochain, la croissance est désormais attendue à 1,29 mbj, environ 70 000 de moins que la prévision du mois dernier. La consommation mondiale atteindrait ainsi 100,08 mbj.

Côté offre, la prévision de la production des pays extérieurs au cartel a été légèrement revue en hausse pour 2018 et 2019, tirée notamment par les États-Unis.

«Bien que le marché ait atteint un équilibre pour l'instant, les prévisions pour 2019 sur la croissance de l'offre non-OPEP indiquent des volumes plus élevés, dépassant la hausse de la demande mondiale et conduisant à un excès croissant de l'offre sur le marché», indique le cartel dans son rapport mensuel sur le pétrole.

«La récente révision à la baisse des prévisions de la croissance économique mondiale et les incertitudes associées confirment la pression qui émerge sur la demande de pétrole observée ces derniers mois», note l'OPEP.

Ces remarques surviennent alors que l'Arabie saoudite a estimé lundi indispensable de réduire la production mondiale de pétrole d'un million de barils par jour afin d'équilibrer le marché, au moment où les cours baissent.

Pressions de Trump

Ces derniers ont en effet chuté depuis le début du mois d'octobre. Le baril de Brent est passé vendredi sous les 70 dollars, les sanctions américaines contre l'industrie pétrolière iranienne s'avérant finalement moins sévères que prévu. Mardi, le baril de Brent valait 68,59 dollars.

L'Arabie saoudite, premier producteur de l'OPEP, a annoncé qu'elle allait réduire sa propre production et diminuer en décembre ses exportations de 500 000 barils par jour par rapport à novembre.

Mais le président américain Donal Trump ne l'entend pas de cette oreille. «J'espère que l'Arabie saoudite et l'OPEP ne baisseront pas leur production. Les prix du brut doivent être bien inférieurs si l'on se base sur l'offre !», a-t-il écrit sur Twitter.

Il avait à plusieurs reprises demandé à l'OPEP d'augmenter sa production pour faire baisser les prix avant les élections législatives américaines de mi-mandat, qui se sont tenues la semaine dernière.

Jusqu'à présent, l'OPEP avait joué le jeu : elle a révélé mardi que la production totale de brut du cartel avait progressé de 127 000 barils par jour en octobre sur un mois, pour atteindre un total de 32 900 mbj, selon des sources secondaires (indirectes).

Les Émirats Arabes Unis (+142 000 barils) ont été les principaux contributeurs à la hausse, suivis par l'Arabie saoudite (+127 000).

Cela a une nouvelle fois plus que compensé le déclin de la production iranienne (-156 000) sous l'effet du retour des sanctions américaines.