La Pétrolière Impériale a annoncé mercredi qu'elle irait de l'avant avec la construction de son projet de sables bitumineux Aspen, évalué à 2,6 milliards, ce qui survient moins d'une semaine après que celui-ci eut été approuvé par le gouvernement albertain.

La rapidité de cette annonce a surpris mardi certains analystes, qui ont vu ces derniers temps des rivaux du secteur des sables bitumineux, notamment Canadian Natural Resources, Cenovus Energy et MEG Energy, annoncer des réductions de leur production pour éviter les fortes baisses de prix imposées au mélange de bitume Western Canadian Select.

Le projet de l'Impériale ajoutera 75 000 barils par jour de production de bitume à la production actuelle d'environ 300 000 barils par jour, mais ne sera pas en service avant 2022. Plusieurs observateurs s'attendent à ce que la capacité du réseau d'oléoduc augmente d'ici là, ce qui devrait réduire la congestion dans les exportations et rétablir le prix du baril de bitume.

« Alors que nous prévoyons une période d'exécution de travaux de trois ans et demi, nous croyons que la poussière va retomber dans certaines de ces zones. Avec un projet qui présente autant d'avantages qu'Aspen, nous avons bon espoir qu'il s'agira d'un investissement concurrentiel à l'échelle mondiale », a expliqué mercredi le chef de la direction, Rich Kruger, lors d'une conférence téléphonique tenue dans le cadre de la journée des investisseurs de la société à Toronto.

Il a reconnu que la société comptait sur le gouvernement pour s'assurer que les pipelines soient construits à temps pour le démarrage du projet.

Le projet de remplacement de la canalisation 3 d'Enbridge devrait être opérationnel à la fin de 2019. En outre, l'oléoduc Keystone XL de TransCanada et l'expansion du pipeline Trans Mountain, du gouvernement fédéral, devraient être en service environ un an plus tard.

Entre-temps, les exportations de pétrole brut par chemin de fer du Canada ont atteint le niveau record de 230 000 barils par jour en août.

L'Impériale a annoncé qu'elle augmenterait l'utilisation du transport ferroviaire pour la porter à 170 000 barils par jour au premier trimestre de 2019, comparativement à une moyenne d'environ 80 000 barils par jour cet été, à partir du terminal ferroviaire situé près de sa raffinerie d'Edmonton, qu'elle détient en copropriété.

La pétrolière a décidé d'aller de l'avant avec les travaux de construction en cette période plus tranquille pour les sables bitumineux dans l'espoir que la concurrence moindre lui permettra d'économiser au chapitre des coûts de main-d'oeuvre et des composants, a souligné la vice-présidente principale du développement commercial et corporatif, Theresa Redburn.

Le projet d'Aspen prévoit l'ajout de solvants à la vapeur dans les puits horizontaux pour faire fondre le bitume, une technologie mise à l'essai dans le cadre d'un projet pilote de sept ans, a-t-elle précisé.

L'Impériale a précisé que la technologie réduirait l'intensité et la consommation d'eau de jusqu'à 25 % par rapport à la technologie traditionnelle assistée à la vapeur.

L'Impériale s'attend à économiser environ 25 % des coûts d'investissement par baril avec ce projet. Elle prévoit aussi une réduction similaire des émissions de gaz à effet de serre et de l'intensité et la consommation d'eau par rapport à la technologie traditionnelle assistée à la vapeur.

Le projet Aspen devrait créer environ 700 emplois pendant la période la plus occupée de sa construction, et plus de 200 emplois lorsqu'il sera en activité.