Les cours du pétrole ont de nouveau grimpé vendredi alors que les investisseurs peinent à entrevoir des solutions pour remplacer les barils iraniens, touchés par les sanctions américaines à partir de début novembre.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre, dont c'est le dernier jour de cotation, a gagné 1,00 $ pour terminer à 82,72 dollars, un niveau plus vu depuis novembre 2014.

Sur la semaine il a gagné près de 5%.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance a pris 1,13 $ pour clôturer à 73,25 dollars.

Sur la semaine il s'est apprécié de 3,5%.

Le pétrole signe ainsi sa troisième semaine consécutive de hausse pour la première fois depuis le mois de mai, alors que le marché craint un déficit de l'offre au quatrième trimestre.

« Les craintes de la perte de l'offre iranienne et le déclin de la production du Venezuela » continuent de faire grimper les prix, a commenté Jasper Lawler, analyste chez London Capital Group.

Les exportations de l'Iran, troisième producteur de l'OPEP, ont particulièrement chuté en amont des sanctions de Washington, qui interdiront d'importer du pétrole iranien à partir de début novembre.

« Apparemment, la Chine est déjà le seul pays qui continue à acheter des volumes significatifs de pétrole iranien », a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

« Et les investisseurs doutent de plus en plus de la volonté, voire de la capacité, des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses partenaires à compenser les pertes iraniennes », a-t-il ajouté.

Réunis dimanche à Alger, ces derniers n'ont de fait pas annoncé de hausse de leur production, alors que le président américain Donald Trump multiplie ses attaques contre le cartel.

« La hausse des prix de l'énergie, plus précisément de l'essence à la pompe, est en train de devenir un vrai problème pour l'administration Trump, surtout à quatre semaines des élections législatives (de mi-mandat NDLR) », a rappelé Stephen Brennock, analyste chez PVM.

Le secrétaire américain à l'Énergie, Rick Perry, a affirmé cette semaine que le pays n'envisageait pas d'utiliser ses réserves stratégiques.

« Mais l'administration pourrait changer d'avis si le gallon d'essence à la pompe dépasse en moyenne les 3 dollars », a avancé M. Lipow.

Certains analystes et industriels n'excluent en tout cas plus la possibilité d'un baril à 100 dollars, à l'image de Patrick Pouyanné, patron de Total, qui a jugé plausible cette hypothèse.

« Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvelle », a-t-il affirmé dans un entretien à Bloomberg. « Même pour l'industrie pétrolière puisque des prix si élevés ouvrent la porte à la concurrence » et à une baisse de la demande, a-t-il ajouté.