Le chef de la plus grande société de forage au Canada dit qu'il n'est pas surpris que les prévisions de forage au Canada soient hachées malgré la hausse des prix du pétrole jusqu'à maintenant cette année.

Kevin Neveu, chef de la direction de Precision Drilling, a déclaré mardi que son entreprise est en train de déplacer une plate-forme de forage fonctionnant au ralenti du bassin profond du nord-ouest de l'Alberta jusqu'en Pennsylvanie, pour le possible forage de puits de gaz naturel dans le bassin Marcellus.

Au cours des deux dernières années, Precision a autorisé la construction de deux nouvelles plates-formes aux États-Unis, mais aucune au Canada, a-t-il dit, car la demande ne l'a pas justifiée.

«Les prix du pétrole ne sont pas si mauvais - et quand vous mettez le taux de change, ils sont en fait probablement OK - mais beaucoup de nos clients canadiens (...) comptent encore sur les ventes de gaz naturel pour financer une grande partie de leurs programmes», a déclaré M. Neveu.

«Avec les tarifs AECO (sur le transport en Alberta) si serrés, c'est vraiment difficile pour beaucoup de nos clients», a-t-il ajouté.

L'Association des services pétroliers du Canada a annoncé mardi qu'elle réduirait de 500 puits ses prévisions de forage au Canada à 6900 puits de pétrole et de gaz, soit 200 de moins qu'en 2017 et près de 7 % de moins qu'en avril.

«En termes généraux, les chiffres de revenus de notre secteur sont en hausse d'une année à l'autre, mais nous constatons que plusieurs sociétés de services canadiennes cotées en bourse signalent une amélioration minime de la qualité de leurs résultats financiers, beaucoup sont à l'équilibre ou sont encore en territoire négatif», a souligné Tom Whalen, chef de la direction de l'AFPC.

«Ce n'est pas viable du point de vue de la continuité des activités et de la compétitivité, mais c'est aussi un symptôme aggravant du manque d'attractivité du secteur pour l'investissement», a-t-il fait valoir.

Les producteurs forent des puits plus longs, mais le nombre de puits est en baisse de 200 dans les six premiers mois en 2018 comparativement à la même période en 2017, a indiqué l'AFPC.

Le prix moyen du baril à New York s'est établi à 67,91 $ US au deuxième trimestre terminé le 30 juin, contre 48,33 $ US à la même période en 2017, mais les prix du gaz naturel de l'Alberta ont chuté à 1,20 $ CAN par million d'unités thermiques britanniques, par rapport à 2,69 $ CAN un an plus tôt.

M. Whalen soutient que les sociétés canadiennes ne peuvent tirer profit de la hausse des prix mondiaux du brut, car la capacité de pipelines est insuffisante pour amener les produits sur le marché, entraînant des réductions de prix plus élevées que d'habitude pour le pétrole de l'Ouest canadien.

Pendant ce temps, les prix du gaz naturel continuent à languir en raison de contraintes de collecte de gaz en Colombie-Britannique et en Alberta et de la concurrence du gaz de schiste en essor aux États-Unis.

Precision a rapporté la semaine dernière que 78 plates-formes sur ses 103 aux États-Unis étaient en activité au 30 juin, comparativement à seulement 60 sur les 136 au Canada.

Plus tôt cette année, Akita Drilling et Trinidad Drilling, de Calgary, ont chacune annoncé qu'elles déplaceraient des plates-formes de l'Ouest canadien à l'ouest du Texas à l'invitation de clients producteurs.