Le président et chef de la direction de Cuda Energy, Glen Dawson, qui s'est entendu avec Junex pour la racheter, est conscient qu'il pourrait devoir faire preuve de patience avant de commencer à produire du pétrole au Québec.

L'entreprise québécoise est toujours dans l'attente d'un bail d'exploitation pour son projet de Galt, en Gaspésie, où le potentiel est évalué à environ 20 millions de barils d'or noir.

«Il y a toujours un risque lorsque l'on fait des affaires, a expliqué M. Dawson, mercredi, au cours d'une entrevue. C'est un risque que nous sommes prêts à prendre. Nous comprenons que le projet pourrait ne jamais se développer. Cela serait cependant triste.»

Même si l'acquisition de Junex se concrétisait, l'entreprise albertaine pourrait malgré tout devoir attendre avant d'obtenir son bail d'exploitation de la part des autorités provinciales, en raison de l'imminente campagne électorale en vue du scrutin du 1er octobre.

«Nous croyons être en mesure d'avoir le permis de production au premier trimestre de la prochaine année, a affirmé M. Dawson, un géologue de formation âgé de 61 ans. Je crois que l'été prochain est un moment plus réaliste.»

Sans aller jusqu'à se ranger derrière une formation politique en vue du scrutin, le patron de Cuda a néanmoins décoché quelques flèches à l'endroit du gouvernement Couillard, notamment pour les récentes modifications à la loi sur les hydrocarbures, qui empêchent l'exploitation du gaz de schiste par fracturation. Le projet Galt, pour sa part, ne nécessite aucune fracturation.

En outre, puisque Québec a injecté 8,4 millions de plus dans le projet Galt en août 2017, M. Dawson croit qu'il sera possible de franchir des étapes en vue d'une éventuelle exploitation.

Vote à venir

Les actionnaires de Junex voteront le 2 août sur le regroupement avec Cuda. La proposition dévoilée le 11 juin prévoit que les actions de la nouvelle entité seront échangées aux actionnaires de Junex et de Cuda dans une proportion respective 55 et 45 %.

À la suite d'une transaction subséquente liée à un actif au Wyoming, la participation des actionnaires de l'entreprise québécoise fléchira à 46,1 %. Junex deviendra une division québécoise de Cuda.

Le plus important actionnaire de Junex est Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec, le bras financier de l'État québécois, avec 14,81 % des actions en circulation.

Même s'il travaille en Alberta, M. Dawson estime que cette transaction constitue une sorte de retour aux sources pour lui, se disant familier avec le Québec, puisqu'il y a passé une partie de sa jeunesse et ses parents ont habité la province.

Celui-ci s'est par ailleurs montré satisfait du rejet de l'offre non sollicitée sur Junex récemment déposée par Utica Resources.

M. Dawson ne croit pas que la proposition d'Utica aurait préservé l'identité de Junex, même si cette filiale de la société autrichienne Lansdowne Partners Austria est dirigée par Mario Lévesque, également président de l'Association québécoise des fournisseurs de services pétroliers et gaziers du Québec.

«Utica n'est qu'une coquille pour un fonds d'investissement autrichien», a fait valoir le patron de Cuda.

Advenant le dépôt d'une offre jugée supérieure à la sienne, Cuda disposerait de sept jours pour l'égaler.