Les négociations ont pris plus de temps que prévu, mais Hydro-Québec et son partenaire américain semblent finalement sur le point de conclure leur important contrat d'approvisionnement de 20 ans avec le Massachusetts.

De passage à la 24e Conférence de Montréal, mardi, le président-directeur général de la société d'État, Éric Martel, a même évoqué une question d'heures afin de finaliser l'entente, dont l'échéancier initial avait été fixé au 25 avril.

«Oui, cela a été plus long que prévu, a-t-il expliqué, par la suite, en mêlée de presse, en marge de l'atelier auquel il participait. Je le dis très candidement, je pensais que tout cela allait prendre un peu moins de temps.»

M. Martel s'est cependant montré prudent, étant donné que le projet New England Clean Energy Connect (NECEC) proposé par la société d'État et Central Maine Power (CMP) doit encore obtenir les approbations nécessaires des deux côtés de la frontière.

Cette ligne de transport, dont la mise en service est prévue en 2022, constitue l'option de rechange pour le Massachusetts, qui avait à l'origine retenu le projet Northern Pass - qui a été bloqué dans le New Hampshire.

À la suite des événements des derniers mois, M. Martel s'est félicité de la décision d'Hydro-Québec de soumettre trois scénarios dans le cadre de l'appel de propositions, ce qui a permis de limiter les risques.

Le coût du NECEC est évalué à environ 950 millions US aux États-Unis. Le tracé de 233 kilomètres en sol américain doit se rendre jusqu'à Lewiston pour ensuite être relié à un réseau électrique régional. Au Québec, rien n'a encore été dévoilé entourant l'aspect du tracé.

Permis à obtenir

Même s'il y a des opposants en sol américain, le patron d'Hydro-Québec ne croit pas que cela retardera l'échéancier de la mise en service.

«Le circuit est un peu moins complexe du point de vue de l'acceptabilité, a-t-il dit. Nous allons notamment passer principalement où il y a déjà des (lignes) existantes et aussi dans des terres à bois. Cela simplifie les choses.»

Cette entente pour acheminer annuellement 9,45 térawattheures pendant 20 ans au Massachusetts pourrait se traduire par des revenus estimés à 10 milliards pour la société d'État, qui ambitionne de doubler son chiffre d'affaires à environ 27 milliards d'ici 2030.

Même si les tensions sont de plus en plus vives entre Ottawa et Washington sur les questions commerciales, M. Martel ne croit pas que cela compromette les chances du NECEC d'obtenir son permis présidentiel.

«C'est une compagnie américaine qui va aller le chercher et non Hydro-Québec, a-t-il rappelé. Le projet va créer des milliers d'emplois pendant la phase de construction.»

Plus vite que prévu

Par ailleurs, en dépit d'avoir signalé, il y a plus de deux ans, son désir de retourner à l'international, le dirigeant de la société d'État ne s'est pas formalisé de ne pas encore avoir réalisé d'acquisitions à l'étranger.

La concurrence est féroce, a convenu M. Martel, notant une vive présence d'investisseurs chinois en Amérique du Sud ainsi que l'intérêt des différentes grandes caisses de retraite à l'égard des actifs énergétiques.

«Il y a de grosses banques d'infrastructures qui sont à la recherche d'actifs, a analysé le dirigeant d'Hydro-Québec. Il y a un afflux de capital. Parfois, nous avons décidé de nous retirer (de certains dossiers), mais il n'y a pas eu de grosse déception.»

Grâce aux exportations d'hydroélectricité, qui ont été d'environ 30 mégawatts l'an dernier, ainsi que l'augmentation du volume d'affaires de sa filiale TM4 en Chine dans le cadre de sa coentreprise qui fabrique des systèmes de motorisation électrique, la société d'État pourrait dépasser ses objectifs.

Rappelant qu'il avait ébauché un plan de 15 ans, M. Martel a suggéré qu'entre 40 à 50 % du chemin pourrait avoir été complété en trois ans.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le président-directeur général d'Hydro-Québec, Éric Martel