Le premier ministre Philippe Couillard a évoqué mercredi une variation «apparemment concertée» des prix de l'essence.

Il s'inquiète ainsi des pratiques des géants de l'industrie pétrolière, mais sans toutefois faire clairement référence à une collusion ou un cartel. Il fait cependant écho à la grogne des automobilistes qui ont vu le prix du litre bondir à la pompe, franchissant même le 1,50 $ dans la région métropolitaine.

«Il est clair que, quand on voit les prix varier de façon apparemment concertée, je le dis, sur un territoire donné, il y a des questions sérieuses qui se posent», a-t-il déclaré.

Il répondait alors en Chambre aux questions de l'opposition officielle qui réclame plus de pouvoir pour l'Office de protection des consommateurs (OPC), afin qu'il puisse enquêter sur les prix de l'essence. Selon le Parti québécois, le Bureau de la concurrence du Canada, qui doit notamment s'occuper de ces questions, ne fait pas son travail.

Le chef péquiste Jean-François Lisée a cité la Régie de l'énergie, qui suggère une augmentation des prix chaque mardi à Montréal. De même, la CAA observe une hausse et une baisse au même rythme dans un marché qui devrait pourtant être «ultra compétitif», a-t-il poursuivi. Il estime que les constitutionnalistes peuvent confirmer la compétence du Québec en cette matière.

«Voici ce que dit l'économiste en chef à Industrie Canada après être sorti de son mandat: »On a perdu notre naïveté depuis le cartel du pain. On sait que ça va être le cartel du chou-fleur, puis le cartel de la balayeuse.« J'aimerais que le premier ministre perde sa naïveté. Le Bureau de la concurrence du Canada n'agit pas. Le Québec a une compétence sur les marchés internes qui est bien établie dans la loi canadienne, on peut agir», a dit M. Lisée.

Cependant, M. Couillard préfère s'en remettre au gouvernement Trudeau et au Bureau de la concurrence, qui est le seul à pouvoir agir et sévir dans ce domaine, selon lui, contrairement à l'OPC.

«On est en contact avec nos collègues membres du cabinet fédéral pour s'assurer que cette vérification, au moins, la vérification, se fasse, mais après la vérification, s'il n'y a pas d'action, ça sert à quoi? Alors, ce que propose (M. Lisée) est une simple vérification qui n'aura aucun impact pratique.»

Le premier ministre a incité les Québécois à profiter de cette occasion pour se libérer de leur dépendance aux produits pétroliers et s'acheter un véhicule électrique.

«C'est un choix qu'on peut faire, qu'il est possible de faire et qui est soutenu par l'État», a-t-il indiqué. Le chef péquiste a aussi émis le souhait que les automobilistes fassent le virage vert, mais dans une réplique mordante, il a rappelé que la gamme des véhicules électriques n'était pas encore à la portée de toutes les bourses.

«Contrairement peut-être à ses amis très, très riches, ça ne se fait pas, dans une famille normale parce que ça vient de monter de 0,10 $ par litre. Ça ne se fait pas comme ça. Il faut faire la bataille des consommateurs.»