Le syndicat des Métallos vient de déposer une requête devant le tribunal, arguant que l'Aluminerie de Bécancour (ABI) a eu recours à quatre travailleurs de remplacement, ou briseurs de grève, pour remplacer les travailleurs mis en lock-out.

Le syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, demande au Tribunal administratif du travail d'émettre une injonction provisoire, pour que cesse immédiatement l'emploi de ces quatre personnes, le temps d'entendre la cause sur le fond et d'émettre une injonction permanente.

Quatre enquêteurs ont été mandatés par la ministre du Travail afin de vérifier si les dispositions en question du Code du travail étaient respectées.

Au cours d'une entrevue, lundi, Clément Masse, président de la section locale 9700 du syndicat des Métallos, a rapporté que des enquêteurs du ministère du Travail, accompagnés de représentants syndicaux, avaient visité l'aluminerie le 24 avril dernier.

Le syndicat n'a pas encore reçu le rapport des enquêteurs du ministère du Travail mais, en se fondant sur ce que ses propres représentants qui accompagnaient les enquêteurs ont constaté, il demande l'intervention immédiate du Tribunal administratif du travail.

Ils y auraient constaté des infractions aux dispositions antibriseurs de grève du Code du travail dans quatre cas, soit des personnes qui effectuaient des tâches normalement exécutées par des travailleurs en lock-out, soit des personnes qui remplaçaient des cadres qui avaient été affectés au travail des syndiqués en lock-out.

Les quelque 1030 syndiqués d'ABI ont été mis en lock-out par la direction de l'entreprise, le 11 janvier dernier à 3 h du matin, au lendemain du rejet des offres patronales.

La direction avait alors annoncé qu'elle continuerait d'exploiter l'aluminerie, à capacité réduite, soit une série de cuves sur trois.

« Dans le cours normal de ses activités, ABI emploie plus de 1200 travailleurs syndiqués et cadres afin d'assurer l'opération et la sécurité des trois séries de cuves, et ce, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il est donc impensable que les cadres, au nombre d'environ 145, puissent à eux seuls assurer le tiers des activités d'ABI », écrit le syndicat dans sa requête déposée devant le tribunal.

« Si l'employeur utilise des briseurs de grève, ça lui permet de faire tourner son usine, puis ça déséquilibre aussi le rapport de forces », a expliqué M. Masse.

La direction d'ABI a pour sa part affirmé, dans une brève déclaration transmise par courriel, que « nous opérons conformément aux dispositions du Code du travail et nous soumettrons nos représentations au Tribunal pour contester ces allégations ».