Même si le projet Northern Pass vient d'être rejeté au New Hampshire, le partenaire américain d'Hydro-Québec reviendra à la charge dans l'espoir d'obtenir l'autorisation nécessaire à la réalisation de cette ligne de transport d'électricité.

Un porte-parole d'Eversource, Martin Murray, a confirmé à La Presse canadienne mardi que l'entreprise compte déposer une demande de reconsidération auprès de la Commission d'examen du site au New Hampshire (NHSEC).

Dans une décision écrite de 287 pages dévoilée vendredi dernier, cette commission américaine a officiellement opposé une fin de non-recevoir au dossier du partenaire d'Hydro-Québec.

«Au terme d'audiences de 70 jours au cours desquelles nous avons entendu 154 intervenants (...) nous ne pouvons conclure que le demandeur a (répondu à toutes les exigences)», peut-on notamment lire.

Bien que le comité de la NHSEC concède que le Northern Pass générera des retombées économiques, il estime que celles-ci ne seront pas aussi importantes que les impacts négatifs pour les communautés qui seraient touchées par le tracé.

Eversource a maintenant 30 jours pour soumettre une nouvelle demande auprès de la commission américaine, ce qu'elle compte faire.

Après un premier blocage, la société avait tenté de relancer les audiences en mars dernier en apportant certaines modifications au projet évalué à 1,6 milliard au sud de la frontière. La NHSEC avait alors décidé de suspendre sa décision orale avant de rendre son verdict écrit la semaine dernière.

Le porte-parole d'Eversource a indiqué que l'entreprise continuait d'évaluer le document de la NHSEC.

«Maintenant que nous avons une décision écrite en main, nous serons en mesure d'analyser les arguments afin de mieux y répondre (dans notre demande de reconsidération)», a précisé M. Murray.

Advenant un autre échec auprès de la NHSEC, Eversource pourrait se tourner vers la Cour suprême du New Hampshire, ce qui risque de continuer à rallonger l'échéancier du projet, qui devait initialement être en service pour 2020.

Le Northern Pass - dont la facture était estimée à 680 millions $ pour la portion québécoise - avait initialement été retenu par le Massachusetts pour acheminer annuellement 9,45 térawattheures (TWh) pendant 20 ans.

Cette ligne de transport, qui devait contourner la région des montagnes Blanches, avait déjà obtenu des permis de la part du département de l'Énergie et du U.S. Forest Service. Elle s'est toutefois butée à la NHSEC, qui a refusé de lui octroyer une autorisation essentielle.

En raison de l'impasse, cet État de la Nouvelle-Angleterre avait décidé de choisir l'option de rechange proposée par Hydro-Québec, le New England Clean Energy Connect. Cette ligne de transport sera réalisée par la société Central Maine Power, une filiale d'Avangrid, et la société d'État, avec une mise en service prévue en 2022.

Aux États-Unis, les coûts de construction de ce projet sont évalués à environ 950 millions US. Le tracé de 233 kilomètres en sol américain emprunterait le sud du New Hampshire pour rejoindre le Massachusetts. Au Québec, rien n'a encore été déterminé. Hydro-Québec devra réaliser des études d'impact, techniques et environnementales en plus de se pencher sur un tracé au Québec afin de construire une ligne de transport jusqu'à la frontière avec le Maine.

Même si le Massachusetts a changé son fusil d'épaule, la société d'État et son partenaire américain continuent de faire valoir que le Northern Pass est un «bon projet» qui continue d'avoir sa raison d'être.