Les perspectives semblent plus roses dans le secteur pétrolier canadien, les augmentations des prix des matières premières générant des profits plus importants et donnant une marge de manoeuvre aux entreprises pour offrir des hausses de dividendes et effectuer des rachats d'actions.

Malgré tout, le recul des prix des actions semble montrer que les secteurs du pétrole et du gaz demeurent sur le banc des pénalités aux yeux des investisseurs.

La situation est telle que même des investisseurs institutionnels canadiens ne peuvent être persuadés d'acheter des actions d'entreprises énergétiques canadiennes, a soutenu Grant Fagerheim, chef de la direction de la société de Calgary Whitecap Resources.

« Nous voulons ramener le Canada à l'avant-scène, être de fiers Canadiens, être de fiers producteurs de nos propres produits et ne pas en être pénalisés », a affirmé M. Fagerheim en entrevue à son retour de New York, où il a pris part à des rencontres décevantes avec des investisseurs la semaine dernière.

« La question qui revient constamment, quand je suis sur la route, est "Pourquoi investirions-nous au Canada présentement, alors qu'il n'y a pas une politique cohérente sur l'énergie ou l'économie?"... Même les investisseurs institutionnels canadiens sont sceptiques à l'idée d'investir au Canada », a-t-il poursuivi.

Selon lui, les investisseurs ont été refroidis par le manque de capacité d'exportation par canalisation du pétrole et du gaz, l'échec du Canada à égaler les réductions aux États-Unis de l'imposition des entreprises, la plus forte imposition des particuliers au Canada et bon nombre de révisions en cours et de modifications aux systèmes réglementaires fédéral et provinciaux créant de l'incertitude.

Le projet d'oléoduc Énergie Est de TransCanada a été annulé l'an dernier après que l'Office national de l'Énergie (ONÉ) eut affirmé qu'il utiliserait un processus d'examen plus rigoureux qui inclurait la prise en compte des émissions polluantes indirectes reliées à l'oléoduc, de la production à l'utilisation finale.

Le premier ministre Justin Trudeau a approuvé l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan vers la côte Ouest en 2016, mais a rejeté le projet Northern Gateway d'Enbridge vers Kitimat, en Colombie-Britannique. Depuis ce temps, le gouvernement néo-démocrate en Colombie-Britannique et des militants écologistes et autochtones ont tenté de bloquer la construction de l'oléoduc Trans Mountain.

L'histoire de Whitecap Resources est typique d'un secteur qui ne semble rien faire qui vaut ces temps-ci.

En novembre, la société a annoncé qu'elle acquérait une participation dans le projet de récupération assistée de pétrole par dioxyde de carbone (CO2) à Weyburn, en Saskatchewan, de Cenovus pour 940 millions de dollars et, en fonction de l'augmentation projetée des revenus, relèverait son dividende de 5 %

Ses actions, qui ont clôturé à 9,11 $ ce jour-là, ont glissé à un creux de 7,48 $ au début mars et ont terminé la séance, vendredi dernier, à 7,99 $ - bien que la majorité des analystes financiers présentent le titre comme une valeur solide.

Jusqu'à maintenant cette année, l'indice plafonné de l'énergie S&P/TSX - faisant partie de l'indice composé S&P/TSX - a chuté de presque 10 %, en dépit de hausses de dividendes et de rachats d'actions par bon nombre des 38 composantes, représentant la crème du secteur énergétique canadien.

Les augmentations de dividendes n'ont pas toujours été récompensées. Les actions du géant de pétrole lourd Husky Energy et du producteur de gaz riches en liquides Tourmaline Oil ont gagné du terrain depuis l'annonce de versements accrus aux actionnaires au début mars.

Mais les actions dans l'entreprise de sables bitumineux et de raffinage Suncor sont demeurées plutôt stables depuis qu'elle a relevé son dividende de 12,5 % le 7 février.

« On a le sentiment d'une apathie des investisseurs - particulièrement au Canada - et je n'ai aucun doute qu'une large portion de cela est attribuable à la question des pipelines », a soutenu l'analyste d'AltaCorp Capital Nick Lupick.

Il a dit croire que la faible valeur des actions se solderait probablement par des fusions et des acquisitions au cours des 12 ou 18 prochains mois.