Le projet Northern Pass bloqué au New Hampshire pourrait bien être abandonné, a reconnu le PDG d'Hydro-Québec hier, mais cet abandon sera temporaire. Le projet pourrait être proposé de nouveau plus tard et finir par se réaliser, selon lui, en raison des besoins importants en énergie propre de la Nouvelle-Angleterre.

Éric Martel a rencontré les journalistes, hier, à l'occasion de la publication du rapport annuel 2017 d'Hydro-Québec.

Selon lui, le fait que le Massachusetts ait choisi le projet Northern Pass en premier prouve que c'est un bon projet. « Ça a prouvé que c'était un bon projet, et on pourrait le reproposer dans quelques années », a-t-il indiqué.

Le comité du New Hampshire qui a voté contre le projet de ligne de transport a suspendu sa décision annoncée verbalement et a fait savoir qu'il en rendra une version écrite le 30 mars. Mais le Massachusetts a donné jusqu'au 27 mars à Eversource, promoteur de Northern Pass, pour savoir si le projet peut aller de l'avant. Si c'est non, le Massachusetts a déjà indiqué qu'il conclurait un contrat avec le deuxième soumissionnaire, Avangrid, qui est aussi associé avec Hydro-Québec dans un projet de ligne de transport qui passe par le Maine.

« Je n'ai pas de scénario favori. On se fait à l'idée qu'on a gagné. On négocie pour les deux scénarios et on est prêts à signer un contrat le 27 mars. » - Éric Martel, PDG d'Hydro-Québec

Hydro-Québec compte sur l'appel d'offres du Massachusetts pour augmenter ses exportations de 25 % et accroître ses revenus de 500 millions par année pendant les 25 prochaines années. Peu importe le projet retenu, la rentabilité est la même pour Hydro-Québec, a assuré son président.

LÉGÈRE HAUSSE DES TARIFS

En 2017, Hydro a encaissé des profits de 2,89 milliards, en hausse de 30 millions par rapport à 2016. Comme il s'agit d'un profit plus élevé de 90 millions par rapport à ce qui était prévu l'an dernier, la moitié de cet écart de rendement, soit 45 millions, sera retournée à la clientèle sous forme d'une hausse moins élevée l'an prochain.

Les revenus totaux ont atteint 13,5 milliards, en très légère hausse par rapport à 2016. La société d'État a rapporté une réduction de 7 millions de ses frais d'exploitation.

Le gouvernement québécois recevra 2,1 milliards en dividende sur le bénéfice de 2,89 milliards. Au total, Hydro verse plus de 4 milliards au gouvernement québécois en dividende, redevances hydrauliques et autres frais.

Éric Martel s'est dit satisfait d'avoir augmenté la satisfaction de la clientèle et les exportations, tout en maintenant la hausse des tarifs d'électricité inférieure à l'inflation.

À compter du 1er avril, Hydro augmentera ses tarifs de 0,3 %. C'est quatre fois moins que ce qu'elle avait réclamé à la Régie de l'énergie, soit des revenus de 127 millions de moins que ceux que l'entreprise escomptait.

Pour compenser, l'entreprise devra réduire ses dépenses, notamment dans le contrôle préventif de la végétation, a indiqué hier son président.

DES PROFITS QUI SE MAINTIENNENT

2015

3,14 milliards

2016

2,86 milliards

2017

2,89 milliards

Les exportations, qui avaient atteint un sommet historique en 2016, ont dépassé ce sommet l'an dernier. Sans nouvelle ligne de transport, un tel niveau d'exportation « sera difficile ou impossible à battre », a indiqué M. Martel.

Le prix moyen du kilowattheure exporté a été de 4,6 cents, en baisse par rapport à 4,8 cents un an plus tôt.

780 millions

Bénéfices réalisés grâce aux exportations en 2017, par rapport à 803 millions en 2016

DES BONIS DE 16,8 MILLIONS

Hydro-Québec a versé 16,8 millions en bonis de performance à ses employés-cadres et syndiqués en 2017, à l'exception de ses hauts dirigeants. Le PDG a reçu 258 838 $ en rémunération incitative, une somme deux fois plus élevée que l'année précédente. La rémunération totale d'Éric Martel atteint 802 397 $, comparativement à 637 125 $ en 2016.

- Avec William Leclerc, La Presse

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Éric Martel, PDG d'Hydro-Québec