Les services du représentant américain pour le Commerce (USTR) ont annoncé lundi l'imposition de droits de sauvegarde sur des panneaux solaires importés de Chine, une initiative paradoxalement redoutée par l'industrie du secteur aux États-Unis.

L'annonce suit les préconisations de la Commission internationale du commerce américaine (USITC) qui avait jugé recevable la plainte de deux entrepreneurs américains en faillite.

Le représentant au Commerce Robert Lighthizer a indiqué lundi dans un communiqué que ces taxes dégressives seraient imposées sur quatre ans sur les panneaux solaires chinois. Les droits se montent à 30% la première année, puis 25% la 2e, 20% la 3e et 15% la 4e année.

Ces taxes sont adoptées parce que «la Commission internationale du Commerce a conclu que les producteurs américains avaient été sérieusement handicapés par les importations et a fait plusieurs recommandations au président» Donald Trump.

Les États-Unis s'inquiètent du fait que «la Chine domine la fourniture mondiale (de panneaux solaires) et qu'elle a elle-même indiqué son intention d'accroître sa capacité en participant pour 70% à l'augmentation de la capacité mondiale de production prévue pendant le premier semestre 2017».

La Chine est déjà productrice de 60% des cellules photovoltaïques et de 71% des panneaux solaires dans le monde, affirme l'administration américaine.

Selon M. Lighthizer, «la décision du président illustre le fait que l'administration défendra toujours les travailleurs américains, les agriculteurs, les éleveurs et les entreprises».

La plainte initiale avait été déposée par deux producteurs aux États-Unis en difficultés, Suniva (dont le principal actionnaire est chinois) et SolarWorld, d'origine allemande.

Mais paradoxalement l'industrie solaire aux États-Unis s'inquiète de ces nouveaux droits commerciaux qui, affirme-t-elle, vont détruire des emplois.

Dans un communiqué, l'association des industriels américains du secteur solaire (SEIA) a exprimé «sa déception» vis-à-vis de l'imposition de ces taxes qui vont «conduire à la perte de 23 000 emplois aux États-Unis et va conduire à retarder ou annuler des milliards de dollars d'investissements dans le secteur solaire».

«En augmentant les prix» des structures d'énergie solaire, «cela risque de réduire la demande pour ces produits et de détruire des emplois manufacturiers», avait aussi fait valoir l'organisation professionnelle avant l'annonce de la décision.

Le président Donald Trump, qui a annoncé la sortie des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, tend à favoriser les industries des hydrocarbures et du charbon pour créer des emplois manufacturiers dans le pays.

L'administration a également annoncé lundi des droits sauvegarde sur l'importation de grandes machines à laver fabriquées en Chine mais aussi en Corée du Sud, au Mexique, en Thaïlande et au Vietnam.

Des droits dégressifs sont imposés sur trois ans (20%, 18%, 16%) jusqu'à 1,2 million d'appareils importés. Ils s'élèvent à 50% au-dessus de ce quota.