TransCanada va demander une suspension de 30 jours de l'examen de son projet de pipeline Énergie Est et évoque même la possibilité d'abandonner l'ensemble du projet. Cette annonce faite par communiqué jeudi soir fait suite au resserrement du processus d'examen par l'Office national de l'énergie.

TransCanada est un projet de pipeline de 15,7 milliards qui doit relier l'Alberta au Nouveau-Brunswick, en passant par le Québec, où il a été contesté par plusieurs groupes environnementaux et municipalités, entre autres.

Le 23 août, l'Office national de l'énergie a indiqué qu'il étendrait son analyse du projet aux émissions indirectes de gaz à effet de serre (pendant l'extraction du pétrole ou le raffinage) associées au pipeline. L'organisme fédéral entend aussi accorder plus d'importance à l'évaluation des risques liés aux accidents, comme les fuites de pétrole.

Dans son communiqué, l'entreprise albertaine soutient qu'elle veut suspendre sa demande afin d'effectuer une révision détaillée de l'impact du nouveau processus d'évaluation sur les coûts, l'échéancier et la viabilité même du projet. Elle juge appréciables les changements apportés au processus d'examen.

Si la société décide finalement d'abandonner le projet après cette révision, la valeur de ses investissements dans le projet sera « négativement affectée », prévient-elle.

Énergie Est permettrait au pétrole albertain de trouver un nouveau débouché en passant par l'est du pays. Pour l'instant, le pétrole est vendu au rabais par rapport au pétrole de référence West Texas Intermediate, en raison, justement, des difficultés à le transporter vers les marchés de consommation.

TransCanada s'opposait à l'idée d'évaluer les émissions indirectes de gaz à effet de serre, une tâche qu'elle estimait « redondante et non nécessaire ». Dans son communiqué, la société affirme qu'elle continuerait de faire progresser ses autres projets, même si celui d'Énergie Est était en pause.

« L'entreprise veut arrêter le chrono sur Énergie Est et je ne peux pas dire que cela me surprend », a affirmé Dirk Lever, analyste en énergie chez AltaCorp Capital, à Calgary. Selon lui, évaluer les émissions indirectes est une tâche très difficile.

L'importance relative d'Énergie Est pour TransCanada a quelque peu diminué depuis que le président américain Donald Trump a signé un décret ressuscitant le projet Keystone XL, de l'Alberta jusqu'aux raffineries du sud des États-Unis.

Énergie Est doit être examiné une nouvelle fois par l'Office national de l'énergie après un premier examen suspendu l'an dernier, à la suite de nombreuses protestations d'écologistes. Il avait été révélé que des membres du panel de l'Office avaient rencontré en privé un consultant de TransCanada.

L'Office a ordonné cette année qu'on relance tout le processus, annulant de ce fait toutes les décisions de l'ancien panel.

- Avec Reuters