Hydro-Québec négocie avec les autorités mexicaines en vue de réaliser des acquisitions ou d'investir dans des entreprises énergétiques. Plusieurs rencontres ont eu lieu autant au Mexique qu'à Montréal, notamment la visite d'une délégation mexicaine au siège social d'Hydro, la semaine dernière.

«Le dialogue entre Hydro-Québec et les autorités mexicaines est ouvert, a confirmé à La Presse Lynn St-Laurent, porte-parole de la société d'État. Des rencontres ont eu lieu aussi bien ici que là-bas.»

Hydro-Québec espère profiter de la réforme énergétique lancée en 2013 par le gouvernement d'Enrique Peña Nieto pour pénétrer le marché mexicain. Cette ouverture, décrite par le président mexicain comme le changement économique le plus important des 50 dernières années dans son pays, facilite les investissements étrangers dans plusieurs secteurs, incluant le pétrole et l'électricité.

«Beaucoup d'intérêt»

Selon une source gouvernementale mexicaine de haut niveau, cette réforme génère «beaucoup d'intérêt» au Canada, notamment chez Hydro-Québec. Les astres apparaissent d'autant plus alignés que le président d'Hydro, Éric Martel, a exprimé l'an dernier son ambition d'investir jusqu'à 20 milliards de dollars d'ici cinq ans pour prendre de l'expansion à l'étranger.

Les discussions en cours avec le Mexique touchent des «investissements potentiels» et se déroulent depuis un certain moment déjà, a indiqué la porte-parole d'Hydro. Elle n'a pu fournir de détails en raison des ententes de confidentialité qui ont été signées.

Lynn St-Laurent confirme toutefois que ces pourparlers cadrent en plein dans la nouvelle stratégie d'internationalisation adoptée par Hydro-Québec dans son plan stratégique 2016-2020.

«On souhaite faire des acquisitions ou prendre des participations à l'extérieur du Québec dans l'électricité», a-t-elle précisé. 

«On cherche à jouer un rôle de moteur dans le développement à long terme des entreprises. Ça peut être un apport financier, et notre contribution peut aussi impliquer notre savoir-faire technique et nos innovations technologiques.»

Barrages et lignes électriques

Hydro-Québec envisage entre autres de construire des barrages ou de réaliser des projets de transmissions d'électricité à l'extérieur du Québec. En entrevue à La Presse en février 2016, le PDG Éric Martel avait nommé quelques marchés potentiels pour de tels investissements, dont les États-Unis, le Mexique, le Chili et le Pérou. «Il faut être prudent et ne pas s'éparpiller», avait-il déclaré.

Le renforcement des liens économiques entre le Canada et le Mexique apparaît encore plus pertinent au moment où l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est en péril. Cette menace incite depuis plusieurs mois les politiciens et entreprises du Mexique et du Canada à essayer de renforcer leurs liens bilatéraux. L'intérêt du Québec, dont certaines de ses plus grandes entreprises, serait particulièrement vif, selon notre source mexicaine.

Pas encore d'acquisitions

Une série d'acquisitions ont été étudiées pendant la dernière année par la filiale internationale d'Hydro-Québec, notamment au Brésil, au Pérou et aux États-Unis, a révélé La Presse au début de l'été. Aucune ne s'est avérée assez intéressante pour être conclue.

La porte-parole d'Hydro-Québec a indiqué que les discussions en cours avec le Mexique «vont se poursuivre». Si des investissements se confirment - au Mexique ou ailleurs -, il s'agira d'un retour vers les marchés mondiaux pour la société d'État.

Hydro a investi 1 milliard entre 1996 et 2005 dans des actifs de transport et de production d'électricité, notamment au Chili et au Panamá. Ils ont été revendus il y a 10 ans, avec profits.