L'industrie canadienne de l'aluminium a marqué des points aux États-Unis la semaine dernière lors des audiences de l'enquête qui se penche sur les effets des importations étrangères, croit l'Association de l'aluminium du Canada (AAC).

Le Canada, qui représente environ 60% des importations américaines d'aluminium, souhaite éviter d'être pénalisé par d'éventuelles mesures visant d'abord et avant tout à freiner l'excédent de production en Chine.

Selon de nombreux observateurs et analystes, la production chinoise, qui a explosé au cours de la dernière décennie, freine la remontée des prix sur les marchés.

«Nous avons démontré [...] que le Canada ne fait pas partie du problème, mais de la solution», a expliqué le président de l'AAC, Jean Simard, lundi, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

À l'instar de l'acier, l'aluminium est depuis avril dans le viseur du gouvernement américain. L'administration Trump veut déterminer si la production étrangère constitue une menace pour la sécurité nationale du pays en raison de l'érosion de la production industrielle locale. Cette décision pourrait ouvrir la porte à une augmentation des barrières tarifaires.

D'après l'AAC - qui représente les producteurs Alcoa, Alouette et Rio Tinto - cette démarche vise principalement la production chinoise d'aluminium, qui est passée de 3,25 millions de tonnes en 2001 à 24,4 millions de tonnes en 2014.

Même s'il n'était pas aux audiences, qui se déroulaient jeudi, M. Simard, qui a soumis un mémoire de 24 pages, s'est montré satisfait de la teneur des témoignages.

«Je suis très satisfait de la reconnaissance quasi unanime à l'effet que le Canada doit être tenu à l'écart de quelque mesure que ce soit», a-t-il expliqué.

Présent lors des audiences, le chef de la direction de la division aluminium de Rio Tinto, Alfredo Barrios, a entre autres fait valoir que l'aluminium canadien constituait une «contribution sûre et sécurisée pour les fabricants américains, y compris dans le secteur de la défense».

L'industrie canadienne a également des alliés au sud de la frontière. Dans une lettre adressée au secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, et envoyée aux responsables de l'enquête, un comité bipartisan du Congrès sur l'aluminium souligne que les échanges commerciaux d'aluminium entre le Canada et les États-Unis permettent à de nombreux Américains d'avoir du travail.

Cela ne veut pas dire pour autant que le Canada sera épargné par d'éventuelles mesures qui pourraient être mises de l'avant rapidement, selon M. Simard.

«Notre exposition aux États-Unis est importante, a expliqué le président de l'AAC. Ma plus grande préoccupation est que l'on subisse des dommages collatéraux.»

Un tel scénario pourrait avoir des conséquences au Québec, étant donné que la province, qui abrite neuf des dix alumineries canadiennes, a exporté en 2016 pour 4,8 milliards CAN d'aluminium sous forme brute aux États-Unis, selon les données de l'Institut de la statistique du Québec. Ce secteur génère quelque 10 000 emplois directs au Québec.

Dans son mémoire, l'Association souligne entre autres que le Canada représentait 10% de la production mondiale d'aluminium en 2000, une proportion qui est passée à 5% en 2015. Au cours de cette même période, la Chine est passée de 11% à 55% de la production mondiale.

M. Simard s'attend à ce que les résultats de l'enquête qui se penche sur les importations d'aluminium soient annoncés d'ici la fin du mois.

«Il pourrait y avoir des mesures dès l'été, a-t-il estimé. Ce recours est plus expéditif et permet de déployer des mesures qui vont à l'encontre des règles de l'Organisation mondiale du commerce en invoquant la question de la sécurité nationale.»

D'après le président de l'AAC, l'administration Trump pourrait annoncer les mesures qu'elle compte adopter concernant les importations avant que ne s'amorce la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) à la mi-août.