Les cours du pétrole ont poursuivi mercredi leur dégringolade, tombant à leur plus bas depuis le début de l'année, en raison de l'impuissance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à résorber l'excès d'offre.

Le prix du brut a terminé la séance en baisse de 98 cents, à 42,53 dollars à New York, son plus bas depuis août 2016. À Londres, le baril de Brent a fini au plus bas depuis novembre, perdant 1,20 dollar à 44,82.

«Il semble y avoir une fracture au sein de l'OPEP», a mis en avant John Kilduff, analyste chez Again Capital.

Le cartel pétrolier avait réussi a faire repartir les cours à la fin de l'année 2016 en se mettant d'accord sur une réduction coordonnée de sa production mais de nombreux analystes craignent que sa cohésion ne s'effrite au moment où le Moyen-Orient est en proie aux tensions entre l'Iran et l'Arabie saoudite, les deux puissances régionales.

Dernier développement en date, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole et membre dominant du cartel, s'est dotée d'un nouveau prince héritier, Mohammed, le propre fils du roi Salmane.

Cette décision «est généralement vue comme un engagement à poursuivre les politiques actuelles», a commenté Tim Evans de Citi dans une note.

«Il y a des risques que cela inclut des tensions accrues avec des voisins de l'Arabie saoudite comme le Qatar ou l'Iran», tous deux membres de l'OPEP, a-t-il continué.

Or pour faire remonter les cours, le cartel a besoin de toute sa force de conviction tant le marché reste désormais dubitatif devant ses efforts.

Le 25 mai, sa décision en théorie plutôt engageante de prolonger, avec d'autres producteurs dont la Russie, ses quotas de production jusqu'en mars 2018 a ainsi marqué le début de la chute actuelle. Le baril d'or noir a perdu depuis 17% à New York.

«Certains analystes (...) attendaient plus de cette réunion» et notamment un nouvel abaissement des quotas, a expliqué Greg Priddy chez Eurasia Group.

Il faut dire que malgré les efforts menés depuis le début de l'année par ces pays, les stocks mondiaux tardent à retomber à leur niveau moyen des cinq dernières années, objectif affiché par le cartel pétrolier. 

Dilemme pour l'OPEP 

Aux États-Unis, baromètre mondial du fait de son importance pour le marché et de la fiabilité de ses statistiques, les stocks restent proches de leurs plus hauts niveaux historiques et la production est en hausse.

Il y a «une nette hausse de la production» américaine, souligne John Kilduff.

La production de pétrole américaine, dopée aux extractions de schiste, est nettement repartie à la hausse depuis l'automne mettant à mal les efforts de l'OPEP.

Dans le même temps, le Nigeria et la Libye, tous deux membres de l'OPEP mais exempts de quotas de production, ont réussi à faire repartir leurs extractions.

L'exemption de ces pays en proie à des troubles politiques est, pour Greg Priddy, «un mauvais calcul» de l'OPEP qui a sous-estimé leur capacité à faire repartir leur production.

Face au manque de résultats et surtout à la chute des prix ces deniers jours, l'OPEP et ses partenaires n'ont pas réussi à s'exprimer d'une voix et se trouvent face à un dilemme.

Le ministre iranien a suggéré mercredi de réduire encore les extractions mais cela a semblé être exclu par les autres délégués de l'OPEP, selon des informations de presse. De son côté, la Russie, producteur hors OPEP qui s'est joint à l'effort du cartel, avait indiqué la veille qu'aucune réunion d'urgence sur le sujet n'était prévue.

Pour les autres pays ayant profité de la première baisse de la production de l'OPEP, réduire encore ferait remonter les prix, estime Greg Priddy. Cela attirerait, avance-t-il, encore plus d'offre extérieure au cartel, qui aurait alors davantage de mal a récupérer ses parts de marché.