Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse vendredi, restant déprimés au moment où les spéculations vont bon train sur les conséquences éventuelles du retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le réchauffement climatique.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a perdu 70 cents à 47,66 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 68 cents à 49,95 dollars sur le contrat pour livraison en août, à l'Intercontinental Exchange (ICE).

Après avoir longtemps entretenu le suspense, Donald Trump a annoncé jeudi la sortie des États-Unis de cet accord conclu en décembre 2015 dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

«On s'attend à ce que les États-Unis augmentent leur production encore plus rapidement», ont avancé les experts de Commerzbank dans une note.

«En mettant les problématiques environnementales en veilleuse, les États-Unis soutiennent leur industrie des énergies fossiles, ce qui pourrait doper les extractions déjà florissantes de pétrole de schiste», ont détaillé les analystes de PVM.

Or, c'est justement le regain de ce pétrole de schiste qui dope la production américaine depuis l'automne.

À l'inverse, James Williams de WTRG estime que «rien de ce qu'a dit (le président américain) n'aura d'effet immédiat» sur le marché.

«La décision du président (Trump) ne change pas nos prévisions de consommation des États-Unis, car l'accord dépendait de la bonne volonté de ses participants et que Donald Trump n'avait de toute façon pas l'intention de l'appliquer», ont ajouté les analystes de Capital Economics.

Bonnes nouvelles ignorées

En tout état de cause, cette annonce n'a rien fait pour améliorer l'humeur d'un marché sur lequel le baril new-yorkais a perdu 7% depuis le sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et dix autres producteurs le 25 mai.

«Les opérateurs de marché comme moi pensent que l'OPEP n'a pas assez réduit sa production», a estimé James Williams.

Le cartel et ses partenaires ont sans surprise prolongé jusqu'en mars 2018 leurs quotas de production mais sans aller au-delà ni les accentuer.

«La production américaine continue d'augmenter et cela va à l'encontre des efforts de l'OPEP», a rappelé Bill Baruch de iiTrader.

Les extractions américaines ont atteint 9,342 millions de barils par jour (mbj) fin mai selon les chiffres du département américain de l'Énergie (DoE), ce qui représente une hausse de 6,5% depuis le début de l'année et anéantit une partie de la réduction de la production de l'OPEP et de ses alliés censée faire remonter les cours.

Dernier signe en date de la bonne santé de la production américaine, le nombre de puits de forage en activité a encore augmenté, selon le décompte hebdomadaire de la société privée Baker Hughes publié vendredi.

Dans ce contexte, le marché, pessimiste, faisait fi des bonnes nouvelles comme la baisse annoncée jeudi des stocks de pétrole aux États-Unis et d'une demande d'essence qui repart.

«Il est certain que le marché du pétrole se resserre», ont écrit les analystes de Commerzbank avant d'ajouter: «le marché ne semble cependant pas vouloir le voir pour l'instant».