Les cours du pétrole ont baissé lundi face à des signes laissant craindre une reprise de la production en Libye comme aux États-Unis, à un moment où les investisseurs voudraient voir des preuves d'une résorption de l'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a concédé 49 cents à 48,84 dollars sur le contrat pour livraison en juin au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord, a reculé de 53 cents à 51,52 dollars sur le contrat pour livraison en juin à l'Intercontinental Exchange (ICE), les échanges étant considérablement réduits par un jour férié pour le 1er mai.

«La principale raison, c'est l'annonce que la production libyenne revient autour de 700 000 barils par jour (bj), même si cela ne représente jamais que la moitié du niveau auquel elle se trouvait à une époque», a mis en avant James Williams, de WTRG.

La compagnie publique libyenne a même annoncé que la production avait dépassé 760 000 bj à la suite, notamment, du redémarrage du gisement d'al-Sharara, l'un des sites les plus touchés par la guerre civile qui frappe le pays.

À ce niveau, la production du pays retrouve «son plus haut niveau depuis décembre 2014», a écrit Tim Evans, de Citi.

Or, «toute reprise durable de la production (...) libyenne limite les effets des baisses de production engagées par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ralentit le rythme auquel se rééquilibre le marché mondial», a-t-il poursuivi.

L'OPEP et d'autres pays, en premier lieu la Russie, s'imposent depuis janvier des plafonds de production dans le but affiché de réduire la surabondance mondiale et relancer les cours.

Autre épine dans le pied de l'OPEP, «les compagnies américaines continuent à faire repartir les puits en activité», a avancé Bart Melek de TD Securities.

Indicateurs mitigés

Établi par le groupe Baker Hughes, ce décompte hebdomadaire a encore fait état vendredi d'une hausse du nombre de puits actifs aux États-Unis, à un moment où la production américaine ne cesse déjà d'accélérer.

Même si les cours n'y avaient guère réagi dans l'immédiat avant le week-end, «cette hausse continue empêche les prix d'avancer», a jugé M. Williams. «Ce n'est pas une petite hausse du nombre de puits actifs qui va faire s'écrouler le marché... Mais cela bloque la progression des cours.»

Les analystes sont nombreux à attribuer cette progression à la brèche ouverte par les quotas assumés par l'OPEP et certains craignent que le cartel perde sa motivation à les appliquer à force de voir les compagnies américaines gagner en parts de marchés.

«En fin de compte, tous ces éléments sont liés à la crainte que le marché mondial ne rebondisse pas, d'autant que l'OPEP reste très ambigüe sur la prolongation des plafonds de production au-delà de la mi-2017», a résumé M. Melek.

Pour le moment, les observateurs estiment toutefois dans leur grande majorité que le cartel devrait annoncer une extension des accords à l'occasion de son sommet de la fin mai.

Par ailleurs, si le marché se concentre largement sur les perspectives d'offre, la demande porte aussi son lot «d'inquiétudes liées à une série de statistiques mitigées à travers le monde», a ajouté Matt Smith, de ClipperData, dans une note.

L'activité dans le secteur manufacturier aux États-Unis a ralenti son rythme de progression en avril, même si elle est restée en territoire positif, et, en Chine, elle a accéléré, mais à un rythme moindre que prévu.