Les cours du pétrole ont monté vendredi à New York en une fin de semaine marquée par une recrudescence générale d'interrogations géopolitiques, notamment après les frappes américaines contre les forces syriennes.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a gagné 54 cents à 52,24 dollars sur le contrat pour livraison en mai au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a pris 35 cents à 55,24 dollars sur contrat pour livraison en juin à l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Les événements en Syrie, les discussions avec la Chine... Il se passe beaucoup de choses et les investisseurs restent prudents en maintenant leurs positions orientées à la hausse», a expliqué Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinions.

La Syrie s'est invitée au premier sommet entre Donald Trump et Xi Jinping, le président américain ayant ordonné des frappes contre les forces de Bachar al-Assad alors même qu'il recevait son homologue chinois en Floride.

«Pour ce qui est de la Syrie, on se demande ce qui va se passer avec la Russie et, en retour, avec l'Iran», a expliqué M. Larry, évoquant aussi les éventuelles conséquences en Irak, voisin du territoire syrien et également frappé par un conflit.

Si la Syrie n'est pas un gros producteur de pétrole, la Russie, qui a immédiatement accusé les États-Unis d'avoir violé la loi internationale, et l'Iran sont non seulement ses principaux alliés mais aussi des acteurs majeurs du marché de l'or noir.

«Le principal risque pour le marché pétrolier, c'est une escalade vers un plus large conflit qui ferait douter de l'offre russe, iranienne ou même irakienne», a écrit Tim Evans, de Citi.

«Les cours ont pour le moment réagi de façon limitée, ce qui laisse penser que le marché juge qu'un tel scénario est peu probable», a-t-il nuancé.

Le Venezuela surveillé

Du côté de la Chine, premier importateur mondial de pétrole, les observateurs sont à la recherche de signes d'apaisement avec Washington, M. Trump ayant régulièrement tenu des propos agressifs envers Pékin, en particulier sur le plan commercial.

«Il se pourrait que les États-Unis exportent encore plus vers ce pays», a espéré M. Larry.

M. Trump a d'ores et déjà assuré avoir accompli des «progrès spectaculaires»  dans ses relations avec la Chine, au deuxième jour de ce sommet.

«Et puis il y a le Venezuela», a enchaîné M. Larry. «S'il y a de quelconques bouleversements là-bas, cela risquera de perturber une production déjà au ralenti.»

Un opposant au président socialiste vénézuélien Nicolas Maduro a été tué à Caracas lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre, dans un climat de tension croissante.

Ces actualités ont permis aux analystes de détourner un peu leur attention des éléments dominants des dernières semaines, dont les interrogations sur les effets concrets des réductions de l'offre mises en oeuvre depuis janvier par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires.

De même, les cours n'ont guère marqué de réaction dans l'immédiat à l'annonce d'une nouvelle hausse hebdomadaire des puits actifs aux États-Unis, selon le décompte du groupe Baker Hughes, alors que la production ne cesse déjà d'y accélérer depuis des mois.

En revanche, «après avoir bondi dans la nuit, les cours sont revenus sur une bonne partie de leur hausse à la suite d'un rapport mensuel décevant sur l'emploi» aux États-Unis, a remarqué dans une note Matt Smith, de ClipperData.

Selon les chiffres sur l'emploi américain en mars, les créations de postes ont fortement ralenti, même si le taux de chômage a reculé au plus bas depuis dix ans.