Que faire avec des réservoirs pleins à capacité et une demande d'électricité qui n'augmente plus au Québec ? « On pousse très fort sur nos exportations », dit le président d'Hydro-Québec, Éric Martel, qui entend augmenter le volume des ventes hors Québec, même à des prix très bas.

« La stratégie de volume est certainement celle qu'on va poursuivre cette année », a-t-il indiqué hier, lors de la publication des résultats annuels de la société d'État. Hydro-Québec affiche un bénéfice net de 2,86 milliards, en baisse de 9 % comparativement à 2015.

Un hiver moins froid que le précédent au Québec et la baisse des prix obtenus sur le marché américain expliquent cette diminution.

Hydro a pourtant exporté plus que jamais en 2016. Au total, 32,6 térawattheures ont été exportés, une hausse de 10 % par rapport à l'année précédente. Mais ces ventes ont rapporté moins, en raison de la baisse généralisée du prix de gros de l'énergie sur le marché américain. Depuis trois ans, les prix obtenus par Hydro pour ses exportations n'ont pas cessé de diminuer.

La société d'État ne prévoit pas de remontée des prix à l'exportation dans un avenir rapproché. Elle mise plutôt sur l'augmentation du volume des exportations. Les exportations sont payantes même si les prix sont bas, affirme Éric Martel.

Mais il faudra attendre l'aboutissement des projets de lignes de transport avant que ces nouvelles ventes se concrétisent. « Rendus à 32 térawattheures, on peut difficilement exporter plus avec les installations qu'on a, à part en Ontario », a reconnu M. Martel.

Des contrats en vue

1) Au Massachusetts

Hydro-Québec prépare une soumission à l'appel d'offres du Massachusetts et d'autres États de la Nouvelle-Angleterre qui veulent remplacer de l'électricité générée par le charbon et le mazout par de l'énergie propre. Ces contrats à long terme représenteraient des ventes de 9,45 térawattheures. Hydro a exporté 32,6 térawattheures en 2016. Ce contrat exige que la ligne de transport Northern Pass se réalise. Il s'agit d'un investissement de 1,4 milliard US dont la mise en service est prévue en 2019.

2) À New York

Avec la construction d'une autre ligne de transport, Hydro-Québec pense pouvoir vendre 8,5 térawattheures de plus à l'État de New York. Ce marché potentiel n'est pas rendu à l'étape des appels d'offres, mais il pourrait se réaliser dans un horizon de cinq  ans, selon la société d'État. Il dépend de la réalisation de l'interconnexion entre le Québec et la ville de New York, un projet baptisé Champlain Hudson Power Express. Il s'agit d'un projet de 2,2 milliards US dont la mise en service est prévue en 2021.

3) En Ontario

Hydro-Québec pourrait augmenter considérablement ses ventes d'électricité en Ontario avec la capacité actuelle des lignes de transport. Le problème, c'est que l'Ontario a des surplus d'électricité. Hydro-Québec espère quand même que l'Ontario pourra se défaire de contrats d'approvisionnement coûteux pour acheter plus d'électricité du Québec. Hydro mise sur un potentiel de ventes supplémentaires de 10,4 térawattheures.