Même s'il est critiqué par des écologistes, le projet de gazoduc de Gaz Métro au Vermont fait l'objet d'un «large consensus» dans l'État américain, affirme la présidente et chef de la direction de l'entreprise, Sophie Brochu.

Pour se faire entendre, la représentante d'un groupe d'opposants a décidé d'acheter deux actions de Valener - le véhicule d'investissement pour le public dans la société en commandite Gaz Métro - ce qui lui a permis de se présenter à l'assemblée annuelle, qui se déroulait mardi, à Montréal.

Dans le cadre de son projet, Vermont Gas Systems (VGS) - une filiale de Gaz Métro - souhaite relier Chittenden County à Middlebury avec son gazoduc de 66 kilomètres. L'aventure a toutefois été plus coûteuse que prévu, puisque la facture est passée de 86 millions US à 166 millions US.

Lors de la période des questions, Julie Macug a demandé au promoteur pourquoi il s'entêtait à aller de l'avant alors que ce projet, à son avis, menace des milieux humides et coûte plus cher que prévu.

«Si vous voulez vous débarrasser de ce qui vous fait mal paraître, qu'est-ce que cela prendra pour vous faire suffisamment mal paraître pour que vous cessiez de détruire notre État avec (...) votre gazoduc», a lancé l'étudiante de l'Université du Vermont.

En réponse, Mme Brochu a reconnu que tout le monde avait droit à son opinion, rappelant au passage que ce projet répondait aux exigences réglementaires du Vermont.

«Là où il y a du gaz naturel, les gens (se branchent sur le réseau), a dit la dirigeante de Gaz Métro. Les gens délaissent le mazout pour le gaz naturel parce que c'est moins dispendieux et plus propre.»

En février 2016, VGS avait procédé à la mise en service des 17 premiers kilomètres du projet.

Le dernier tronçon de 600 mètres pour compléter le gazoduc avait fait l'objet d'une contestation judiciaire devant la Cour suprême du Vermont. Des opposants avaient porté en appel le feu vert préalablement accordé à VGS par le Vermont Public Service Board (VPBS) sur cette portion du tracé. La filiale de Gaz Métro a toutefois eu l'autorisation de compléter ses travaux.

Au terme de l'assemblée, Mme Brochu a pris quelques minutes pour s'entretenir personnellement à Mme Macug, qui, dans les circonstances, s'est montrée satisfaite d'avoir pu se faire entendre.

«Nous n'avons pas pu bloquer le projet physiquement (en tentant d'interrompre la construction) et nous avons été incapables de nous faire entendre auprès des autorités du Vermont, alors le temps était venu de se rendre ici», a expliqué l'étudiante, au cours d'un entretien avec La Presse canadienne.

Bien consciente qu'il est peu probable que VGS recule, elle espère néanmoins que cette sortie incitera la filiale de Gaz Métro à en faire davantage en matière de préservation de l'environnement.

De son côté, Mme Brochu a reconnu que le projet de gazoduc avait rencontré des difficultés puisque les coûts avaient grimpé, ajoutant que l'entreprise avait pris ses responsabilités et posés les gestes nécessaires.

«L'unanimité, ça ne se peut pas, a-t-elle affirmé au cours d'une entrevue. L'objectif est de dégager un très large consensus et c'est la situation dans laquelle nous sommes. J'ai de l'empathie pour les gens qui font valoir leur point. Il ne s'agit pas de gens qui voulaient influencer le projet, mais qui n'en voulaient tout simplement pas.»

Valener - qui détient une participation de 29 % dans Gaz Métro - a profité de son assemblée annuelle pour souligner le départ de son chef des Finances, Pierre Despars, qui prendra sa retraite à la fin de l'année. Il sera remplacé par Éric Lachance, un ancien de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui est entré en fonction depuis quelques mois.

Dans sa présentation, M. Despars a présenté 2016 comme un «exercice record», où Valener a dégagé un bénéfice net de 62,2 millions, en hausse de 39 %, tandis que le bénéfice de Gaz Métro a bondi de 53,3 %, à 277,5 millions.