Alors que le Canada et les États-Unis n'ont toujours pas conclu un nouvel accord sur le bois d'oeuvre, le gouvernement Trudeau annonce la création d'un front commun avec les provinces pour défendre les intérêts de l'industrie devant le géant américain.

Le ministre des Ressources naturelles Jim Carr a confirmé cette mesure mercredi à la Chambre des communes alors que les pourparlers entre les négociateurs canadiens et américains ont donné lieu des progrès mitigés jusqu'ici.

Avant même que le Congrès américain envisage la possibilité d'imposer de nouveaux tarifs aux exportations canadiennes de bois d'oeuvre, les partis de l'opposition, notamment le NPD, pressent le gouvernement Trudeau de préparer un plan de soutien qui permettra à l'industrie canadienne de passer au travers de ce qui pourrait être une longue bataille commerciale.         

« Nous avons travaillé intensivement avec les provinces et l'industrie du bois d'oeuvre. Une entente commerciale dans ce dossier est une priorité de notre gouvernement. Aujourd'hui, j'annonce la mise sur pied d'un groupe de travail fédéral-provincial sur le bois d'oeuvre. Nous unissons nos forces pour relever les défis auxquels font face l'industrie, les travailleurs et leur famille », a indiqué le ministre Carr.

Accord échu

Le conflit sur le bois-d'oeuvre a monté d'un cran l'automne dernier, après l'expiration d'un accord spécial intervenu entre le Canada et les États-Unis en 2006, qui avait permis de régler certains enjeux.

La situation s'est envenimée encore davantage à la fin novembre, lorsqu'un organisme représentant l'industrie américaine du bois-d'oeuvre a déposé une requête judiciaire contre les producteurs canadiens, citant une concurrence déloyale et un « dumping ».

Dans sa requête, la U.S. Lumber Coalition accuse les gouvernements provinciaux du Canada de subventionner indirectement les producteurs de bois-d'oeuvre. Le lobby demande au département américain du Commerce d'enquêter afin de « rétablir les conditions d'un commerce équitable du bois d'oeuvre résineux entre les États-Unis et le Canada ».

Avec cette manoeuvre, les producteurs américains espèrent que le bois canadien exporté au sud de la frontière soit frappé d'un tarif douanier punitif.

Dossier crucial

Bien consciente des menaces qui se profilent depuis longtemps à l'horizon, l'industrie canadienne et les gouvernements provinciaux s'organisent. Une conférence téléphonique a eu lieu la semaine dernière entre les ministres responsables des forêts pour discuter de cet épineux dossier.

Sans révéler la teneur des discussions, le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, a confirmé la tenue de cette rencontre, au début de cette semaine.

« Notre gouvernement défendra vigoureusement les intérêts de l'industrie canadienne du bois d'oeuvre résineux, y compris au moyen de recours en vertu de l'OMC, ainsi que de l'ALENA ou des tribunaux américains, selon le cas? », a indiqué le ministre Carr dans un courriel à La Presse, lundi.

Selon les données les plus récentes, la production de l'industrie forestière canadienne s'est élevée à 19,8 milliards de dollars en 2013, soit 1,25 % du produit intérieur brut (PIB) réel du Canada.