Les cours du pétrole ont baissé vendredi après des chiffres décevants sur le commerce extérieur de la Chine, grand consommateur d'or noir, détournant pour un temps le marché de ses spéculations sur la baisse de l'offre entreprise par nombre de pays producteurs.

Le cours du baril de « light sweet crude » (WTI), référence américaine du brut, a perdu 64 cents à 52,37 dollars sur le contrat pour livraison en février au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a cédé 56 cents à 55,45 dollars sur le contrat pour livraison en mars à l'Intercontinental Exchange (ICE).

« La séance était plutôt ennuyeuse », a reconnu Phil Flynn, de Price Futures Group.

Alors que le début de semaine a été marqué par de fortes fluctuations des cours, le marché a abordé le week-end dans un certain calme, mais avec un ton plutôt morose.

« Plus qu'autre chose, ce qui a provoqué cette baisse, c'étaient des chiffres décevants en Chine », a expliqué M. Flynn. « Ils ont mis une mauvaise ambiance aujourd'hui. »

La Chine a vu son commerce extérieur reculer en 2016, exportations et importations s'affichant en net repli et confirmant l'essoufflement du géant asiatique, deuxième consommateur de pétrole après les États-Unis.

« L'économie chinoise consomme de l'énergie de façon intensive, que ce soit du pétrole brut ou des produits raffinés », a souligné John Kilduff d'Again Capital « La faiblesse du secteur manufacturier, en particulier, est une mauvaise nouvelle pour le marché pétrolier. »

Certes, en ce qui concerne l'or noir en lui-même, ses importations restent à un niveau sans précédent en Chine, à la fois pour 2016 et pour le seul mois de décembre.

« La demande chinoise a augmenté, mais il semblerait que les achats de grandes quantités de brut ne soient pas [conformes] avec la capacité des raffineries chinoises », ce qui laisse craindre une surabondance d'or noir sur place, a commenté Michael Hewson CMC Markets.

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Ces considérations sur la demande ont ramené un peu de concret sur un marché actuellement secoué par les spéculations sur l'offre, à la suite de l'entrée en vigueur début janvier d'accords entre grands pays producteurs.

Mis en place à l'initiative de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ces deux pactes prévoient des baisses de production non seulement au sein du cartel, mais aussi par des pays extérieurs comme la Russie.

« On entend dire que les investisseurs s'inquiètent du respect [de ces accords] au sein de l'OPEP », a rapporté M. Flynn. « Franchement, je ne vois pas pourquoi. Tous les grands exportateurs de pétrole ont dit qu'ils les respecteraient à 100 %... Quand ce n'est pas plus. »

De fait, lors des derniers jours, l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, le Koweït et la Russie ont tous tenu des propos en ce sens, même si beaucoup d'analystes préfèrent ne pas se contenter de paroles en attendant de premières données qui devraient attendre la fin du mois.

« Il faut désormais se préparer à une nouvelle série d'annonces à la presse en fin de semaine prochaine, car les pays de l'OPEP et la Russie, en charge de surveiller l'application de l'accord de limitation de la production, vont se réunir à Vienne », a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.

Quant aux États-Unis, acteur majeur du marché mondial mais étranger à ces accords, les nouvelles y étaient plutôt favorables au marché puisque le nombre de puits de forages actifs, souvent considéré comme un indicateur avancé de la production, y a décliné cette semaine, selon un décompté établi le vendredi par le groupe Baker Hughes.

« Cela a donné un petit soutien au marché », a estimé M. Flynn.