Les cours du pétrole ont monté jeudi, profitant à la fois d'un affaiblissement du dollar et d'éléments relançant les espoirs d'une bonne application de plusieurs accords de baisse de l'offre entre grands producteurs.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a gagné 76 cents à 53,01 $ sur le contrat pour livraison en février au New York Mercantile Exchange (NYMEX).

«On continue à réagir à l'annonce d'une baisse de la production en Arabie saoudite», a avancé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Les actions de Riyad sont particulièrement surveillées, car c'est le membre dominant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et le principal promoteur en son sein d'accords entrés en vigueur ce mois-ci sur une baisse concertée de l'offre entre pays producteurs.

Or, jeudi, «le ministre de l'Énergie Khaled al-Faleh a déclaré à la presse que la production était passé sous les 10 millions de barils par jour», en deçà de ses objectifs fixés par l'accord de limitation de la production, a expliqué Michael Hewson, de CMC Markets.

Les déclarations du ministre saoudien, qui s'est plus largement dit optimiste sur la perspective d'une stabilisation du marché pétrolier, sont de nature à rassurer le marché sur une bonne application des accords conclus par l'Opep, qui concernent non seulement ses propres membres, mais aussi des pays extérieurs comme la Russie.

À ce titre, les cours ont «aussi profité d'annonces de l'Irak et de la Russie qui ont chacun dit abaisser leur production pour respecter les termes des accords», a rapporté M. Lipow. «Le marché s'attend à ce qu'il y ait moins de pétrole disponible lors des prochains mois et cela soutient les cours.»

Le gouvernement russe a rapporté que la production du pays diminuait plus que ce qu'avaient prévu les compagnies pétrolières, tandis que l'Irak, qui avait inquiété le marché en début de semaine par le niveau élevé de ses exportations, a assuré qu'il respectait les termes de l'accord en matière de production.

Autre élément notable jeudi, «le dollar s'affaiblit beaucoup [...], ce qui contribue à soutenir les cours du pétrole», a remarqué Bob Yawger, de Mizuho Securities.

L'affaiblissement du billet vert, qui perd notamment du terrain face au manque de précisions apportées la veille par le futur président américain Donald Trump lors d'une conférence de presse, est susceptible de profiter aux cours pétroliers, car ils sont libellés en dollars et deviennent donc moins coûteux pour les opérateurs utilisant d'autres devises.

La Russie réduit sa production

La Russie réduit sa production de pétrole «plus que prévu» par ses compagnies pétrolières dans le cadre de l'accord de baisse de l'offre signé en décembre avec les grands pays exportateurs, a indiqué jeudi le ministre de l'Énergie Alexandre Novak.

«La Russie remplit ses obligations», a indiqué M. Novak, cité par les agences russes. «Dans l'ensemble, on peut dire que nous avons plus diminué dans les dix premiers jours que prévu par les sociétés pétrolières», a-t-il ajouté, sans citer de chiffre précis.

En décembre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'est mise d'accord avec onze pays producteurs non membres du cartel pour baisser leur offre afin de faire remonter les prix. La Russie, dont l'économie a payé un lourd tribut à l'effondrement des cours depuis deux ans et demi, doit diminuer à elle seule sa production de 300 000 barils par jour par rapport à son niveau record de fin 2016 (plus de 11 millions de barils par jour).

La Russie a indiqué que ses compagnies pétrolières devraient réduire leurs cadences de manière proportionnelle en restant floue sur le calendrier d'application de cet accord, prévu pour s'appliquer au premier semestre.

Les analystes mettent cependant en garde contre toute interprétation hâtive des chiffres des premiers jours de l'année, fériés en Russie et marqués par une importante baisse d'activité économique, d'autant que le froid vif de ces derniers jours peut perturber l'exploitation de certains gisements.