Les cours du pétrole n'ont guère dégagé de tendance jeudi après avoir hésité toute la séance entre l'influence négative d'un fort renforcement du dollar et les spéculations persistantes sur une diminution conséquente de l'offre, à la suite des accords de l'OPEP.

Le prix du baril de « light sweet crude » (WTI), référence américaine du brut, a perdu 14 cents à 50,90 $ sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de la mer du Nord a pris 12 cents à 54,02 $ sur le contrat pour livraison en février à l'Intercontinental Exchange (ICE).

« Les cours sont proches de l'équilibre, mais c'est qu'ils se sont nettement repris pendant la journée », a résumé Bob Yawger, de Mizuho Securities.

Déjà déprimé la veille, le marché a encore perdu près d'un dollar le baril pendant la séance de jeudi, repassant même sous les 50 $ à New York, avant de se reprendre lors des dernières heures d'échanges.

« Les marchés du pétrole se stabilisent après avoir de nouveau flanché à la fois à cause d'un dollar au plus haut (...) et d'inquiétudes sur la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) », a résumé dans une note Tim Evans, de Citi.

Sur le premier plan, le billet vert se renforce à des niveaux sans précédent depuis le début des années 2000 au lendemain de la décision par la Réserve fédérale (Fed), banque centrale américaine, de relever ses taux pour la première fois depuis un an.

Or, la force du dollar a tendance à peser sur les cours de l'or noir, car les échanges pétroliers sont libellés en monnaie américaine et deviennent plus coûteux.

Troubles au Nigeria

Sur le second plan, « l'incertitude commence à s'installer sur les baisses de productions prévues par l'OPEP et des pays extérieurs », a avancé Matt Smith, de ClipperData.

Le cartel a considérablement contribué à relancer les cours en annonçant deux accords de baisse de l'offre, l'un interne fin novembre et le second avec une dizaine d'autres pays le week-end dernier, mais les investisseurs semblent désormais attendre de juger sur pièce, ces pactes devant prendre effet à partir de janvier.

« Les opinions sont très diverses quant au temps que prendra le marché pétrolier mondial pour se rééquilibrer », a rapporté M. Evans. « Le consensus correspond à peu près à ce qu'en a dit mercredi le ministre saoudien du Pétrole, Khalid al-Falih : il faudra "plusieurs mois" pour que l'effet des baisses de production de l'OPEP soit sensible. »

Parmi les actualités engageant à la méfiance au sein du cartel, il remarquait que la Libye, certes exemptée de réduire son offre à cause de sa guerre civile, avait annoncé la réouverture d'un gisement.

De son côté, M. Yawger préférait mettre l'accent sur des éléments plus engageants, comme la décision par le Koweït de réduire les exportations vers les États-Unis, même si cela apparaissait de toute manière logique face au niveau toujours élevé des réserves américaines.

De plus, le marché profite « de la situation au Nigeria, où des manifestants ont forcé ExxonMobil à fermer son siège à Lagos », capitale économique du pays, a-t-il rapporté.

Comme la Libye, le Nigeria fait partie de l'OPEP, mais a été exempté de réduire son offre à cause d'une vague de sabotages cette année contre des installations pétrolières, le pays étant le principal producteur africain d'or noir avec l'Angola.

« Reste à voir si la situation s'étend à tout le pays et affecte la production, mais pour le moment, ça soutient le marché », a conclu M. Yawger.