Les cours pétroliers ont terminé en baisse mardi, les inquiétudes sur le niveau actuel de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et sa capacité à convaincre les autres producteurs prenant le pas sur l'enthousiasme suscité par l'annonce d'une réduction de l'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a perdu 86 cents à 50,93 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a concédé 1,01 dollar à 53,93 dollars sur le contrat pour livraison en février à l'Intercontinental Exchange (ICE).

«L'OPEP ne réduira sa production qu'à compter du 1er janvier et il y a eu plusieurs rapports indiquant que l'OPEP a produit à des niveaux proches de records au cours des dernières semaines», a expliqué Bob Yawger de Mizuho Securities.

Le cartel a promis le 30 novembre une baisse de sa production de 1,2 million de barils par jour à compter du début de l'année prochaine ce qui a fait bondir les cours d'environ 15 %.

À court terme cependant, sa production, dopée par les membres africains du cartel, a augmenté pour atteindre 34,2 millions de barils par jour en novembre, selon une étude de l'agence Bloomberg News publiée lundi soir.

«Nous remarquons qu'une possible augmentation de la production de la Libye et du Nigeria (exemptés de quotas), en même temps qu'une application imparfaite, risque de limiter l'impact de la réduction», a ajouté Tim Evans de Citi dans une note.

Convaincre les non-membres du cartel

Le scepticisme se renforce également avant une réunion de l'OPEP avec ses partenaires qui doit se tenir samedi à Vienne dans le but de convaincre les pays producteurs non membres du cartel de procéder à leur tour à une réduction de leur production de 600 000 barils.

La Russie s'est dite prête à supporter la moitié de cet effort, en réduisant sa production de 300 000 barils par jour, mais cette annonce a été atténuée par le fait que le pays pompe cet automne à des niveaux records pour la période postsoviétique.

L'OPEP «a obtenu d'Oman un engagement équivalent au sien, mais ils ont encore besoin de 200 000 barils et je ne vois personne s'y plier», a ajouté Bob Yawger.

La partie s'annonce à nouveau serrée d'autant que l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, envoie des signaux contradictoires en faisant notamment un effort sur les prix vers ses clients asiatiques pour sauvegarder ses parts de marchés, ont indiqué les analystes de Commerzbank dans une note.

De plus, «moins d'une semaine après la décision de l'OPEP, l'Arabie saoudite et le Koweït brouillent un peu les pistes pour les analystes en reprenant leur activité dans la zone neutre» entre les deux pays, ont souligné les experts de JBC Energy.

Dans l'immédiat, les analystes tenaient toutefois à relativiser la baisse, modérée au regard du bond qu'a connu le brut depuis près d'une semaine.

«Je pense qu'il y a un retour à la réalité du marché», a expliqué John Kilduff de Again Capital.

Au-delà du cartel, les investisseurs attendent la publication mercredi des chiffres hebdomadaires sur les réserves américaines de pétrole du département de l'Énergie (DoE) et avant cela les estimations de la fédération professionnelle American Petroleum Institut (API) mardi soir.