Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse vendredi à New York, plombés par la crainte de ne pas voir la Russie se joindre à l'effort de réduction de la production que l'OPEP essaie de mettre en place.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine de brut, a perdu 1,90 dollar à 46,06 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord perdait en séance 2,10 dollars à 46,90 dollars sur le contrat pour livraison au même mois à l'Intercontinental Exchange (ICE).

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est engagée dans de difficiles tractations entre ses membres et d'autres pays producteurs non membres du cartel, afin de finaliser une réduction coordonnée de la production lors d'un sommet le 30 novembre et ainsi faire remonter des cours souffrant de la surabondance de l'offre.

«Il y a en ce moment des annulations de réunions entre les pays membres et non membres de l'OPEP, avec la Russie qui concentre toutes les interrogations et qui a indiqué en substance qu'elle n'était pas prête à fermer le robinet», a expliqué Bart Melek de TD Securities.

Le ministre russe de l'Énergie, Alexandre Novak, a indiqué jeudi qu'un gel de la production au niveau actuel reviendrait à «une baisse de 200 000 à 300 000 barils par jour par rapport à la croissance prévue».

Ces propos ont été interprétés par les analystes comme un refus de la Russie, important pays producteur non membre de l'OPEP, de réduire sa production et au contraire comme la volonté de la maintenir à son niveau record.

«Cela se traduirait par une augmentation par rapport à l'année précédente, particulièrement pour la première moitié de l'année 2017, et ne contribuerait en rien à un rééquilibrage du marché», a jugé Tim Evans de Citi dans une note.

Autre obstacle, des dissensions semblent persister entre les membres de l'OPEP.

«L'Iran veut extraire autant de pétrole que possible» après la levée des sanctions internationales en janvier, a expliqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates.

De nombreux experts jugent qu'en l'absence de la participation du troisième producteur du cartel, les autres pays et notamment l'Arabie saoudite, rival régional de Téhéran et principal promoteur de cet accord, n'accepteront pas de réduire la leur.

«Le ministre algérien de l'Energie Noureddine Boutarfa sera à Téhéran samedi, ce qui signifie que les négociations pourraient avancer», a rapporté Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Dans l'ensemble, «le marché s'attend toujours à ce que l'OPEP fasse une annonce, quelle qu'elle soit la semaine prochaine sur un accord», a jugé Andy Lipow, s'interrogeant toutefois sur l'efficacité d'un accord pour lequel des compromis seront nécessaires.

«Ce qui devait être une réunion de prise de décision risque d'être une réunion de discussion, ce qui n'est pas une bonne nouvelle», a résumé Bjarne Schieldrop.