Le discours du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, devant l'Association pétrolière et gazière du Québec, a été perturbé par une poignée de manifestants, lundi à Montréal.

Pendant que le ministre prononçait son allocution, ceux-ci se sont bruyamment fait entendre en criant «pétrolières meurtrières» et «ministre complice», en frappant à coups de poing sur les portes et en essayant de pénétrer dans la salle de l'hôtel.

L'un d'entre eux a presque réussi à y entrer et a été sorti à bras-le-corps par la sécurité. Celle-ci a d'ailleurs demandé du renfort policier.

Le ministre Arcand n'a pas interrompu son discours, mais les convives avaient peine à l'entendre.

Décrivant le cadre réglementaire qui accompagnera sa future loi, il a promis «un cadre exemplaire qui sera parmi les plus rigoureux et les plus stricts au Canada et en Amérique du Nord».

Plus tard, en point de presse, il a laissé entendre que les protestataires en avaient contre l'idée même de l'exploitation des hydrocarbures.

Mais il a rappelé qu'il avait déjà déposé 80 amendements à ce projet de loi pour tenir compte des représentations entendues. L'étude détaillée du projet de loi, article par article, doit débuter mardi.

«Nous ne sommes pas là en train de dire qu'il faut faire la promotion des hydrocarbures. Ce que nous disons, c'est qu'il faut encadrer actuellement. Il y a au-delà de 300 permis qui ont été émis par les différents gouvernements au fil des années. À partir du moment où les gens ont des permis, il faut les encadrer. Et c'est ce que le projet de loi essaie de faire», a justifié le ministre Arcand.

«Il y a des «claims', mais ce n'est pas parce que vous avez un 'claim» que vous avez nécessairement un permis. Actuellement, c'est un peu le Far West, un peu partout. Il n'y a pas assez d'encadrement», a opiné le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.

Il a ajouté que les entreprises pétrolières et gazières, devant lesquelles il prenait justement la parole, étaient loin d'être enthousiasmées par son projet de loi, «parce qu'elles savent qu'il va y avoir un cadre beaucoup plus strict et beaucoup plus rigoureux sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures au Québec».

Le président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, Michael Binnion, a assuré que l'industrie était prête à consulter et à collaborer avec les autorités, les communautés locales et les Premières Nations pour voir s'il y avait moyen de respecter les impératifs de chacun.

Présente à la conférence, Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole de Vigilance hydrocarbures Québec, a dit vouloir entendre les arguments de l'industrie pétrolière «qu'ils utilisent pour tenter de justifier ces projets dont les Québécois ne veulent pas».

«Il y a eu plusieurs consultations et on a toujours dit non systématiquement, toujours, à chaque consultation qui a eu lieu depuis le début de l'industrie du gaz de schiste en 2008-2009. Consultation après consultation, les citoyens et les groupes environnementaux disent non. Et malgré tout ça, on se retrouve avec l'étude d'un projet de loi qui permet tous les procédés très dangereux pour l'environnement, pour la santé, très dérangeants pour la qualité de vie des citoyens et très émetteurs de gaz à effet de serre», a critiqué Mme Dupuis, en entrevue.

Les opposants à ce projet de loi demandent notamment qu'il soit scindé en deux, à savoir sa partie sur la transition énergétique, qui fait davantage consensus, et sa partie, plus controversée, sur l'exploitation des hydrocarbures.