Rio Tinto s'apprête à faire de nouvelles mises à pied à ses bureaux de Montréal, nouvellement relocalisés dans des locaux plus petits que ceux qu'elle occupait à la Maison Alcan.

L'entreprise prévoit qu'entre 110 et 170 salariés seront remerciés d'ici le 31 décembre 2016, selon l'avis de licenciements collectifs envoyé au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Depuis que Rio Tinto a mis la main sur Alcan en 2008, le siège social de Montréal a subi une importante cure d'amaigrissement. Mince consolation, cette fois, c'est que le nombre d'emplois qui disparaîtront sera probablement inférieur à celui annoncé, a indiqué la porte-parole de Rio Tinto, Claudine Gagnon.

« Ce nombre a été revu à la baisse », a-t-elle dit à La Presse, sans préciser de combien.

Depuis 2009, Rio Tinto a envoyé au gouvernement québécois des avis de licenciements collectifs prévoyant un total de 260 à 360 licenciements.

Jusqu'à maintenant, il y a en a eu moins, affirme la porte-parole. Rio Tinto affirme que le nombre d'emplois à Montréal est passé de 800 en 2008 à 600 au début de 2016, ce qui représente 200 licenciements.

ENGAGEMENTS

En achetant Alcan, Rio Tinto avait promis de respecter les engagements déjà pris par l'entreprise d'aluminium envers le gouvernement du Québec pour conserver à long terme les droits hydrauliques qui lui permettent de produire à très bas prix presque toute l'énergie consommée par ses alumineries.

Ces engagements, consignés dans un document de 10 pages connu sous le nom d'Entente de continuité, incluaient des investissements dans des projets d'expansion et le maintien des activités du siège social.

En fait, le siège social devait prendre de l'expansion. Avant la transaction, Alcan avait acheté l'édifice adjacent à la Maison Alcan pour agrandir son siège social devenu trop petit. Ce projet ne s'est jamais concrétisé, le nouveau propriétaire d'Alcan ayant choisi de vendre la Maison Alcan pour devenir locataire de la tour Deloitte.

Les engagements envers le gouvernement du Québec pris par Alcan et confirmés par Rio Tinto n'obligent pas l'entreprise à maintenir un nombre minimum d'emplois à son siège social. L'entreprise a aussi obtenu du gouvernement une prolongation de la période prévue pour réinvestir au Québec en raison de la crise de 2008 dont le secteur de l'aluminium ne s'est pas encore complètement remis.

CHANGEMENTS ORGANISATIONNELS

Selon Rio Tinto, l'entreprise respecte tous les engagements pris auprès du gouvernement québécois, tant en matière d'investissements que du maintien du siège social.

Toutes les fonctions généralement attachées à un siège social sont restées à Montréal, assure sa porte-parole.

Peu après la conclusion de la transaction avec Rio Tinto, deux divisions, bauxite et alumine et relations avec les investisseurs, avaient quitté Montréal pour Brisbane, en Australie, et Londres.

Mais les fonctions commerciales, financières, ressources humaines, juridiques, de planification stratégique et les autres sont toujours à Montréal, a répété Claudine Gagnon.

Rio Tinto a toutefois procédé à des changements organisationnels qui ont affaibli les postes de direction établis à Montréal. Ainsi, la fonction de président et chef de la direction de la division Métal primaire, qui était responsable des activités de toutes les alumineries dans le monde, n'existe plus.

Cette responsabilité a été scindée en deux, une pour le Pacifique, dont le responsable est établi en Australie, et une pour l'Atlantique, à Montréal. Celui qui l'occupe à Montréal, Gervais Jacques, porte le titre de directeur exécutif Aluminium Atlantique et non plus de président et chef de la direction de la division Métal primaire.

Par ailleurs, l'un des deux responsables des communications de l'entreprise à Montréal, Bryan Tucker, vient de quitter Rio Tinto. Il n'a pas été possible de savoir s'il sera remplacé.