Les cours du pétrole ont légèrement monté vendredi, sans grosse prise de risque par les investisseurs à l'issue d'une semaine une nouvelle fois marquée par les doutes et les espoirs sur une réduction conséquente de l'offre par l'OPEP et d'autres producteurs.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a gagné 22 cents à 50,85 dollars sur le New York Mercantile Exchange pour le contrat pour décembre, dont c'était le premier jour comme cours de référence.

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a pris 40 cents à 51,78 dollars pour le contrat pour décembre, sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«On dirait que l'on manque de direction», a reconnu Gene McGillian, de Tradition Energy.

Les cours du pétrole, qui avaient déjà beaucoup hésité lors des précédentes séances, sont successivement passés vendredi dans le rouge et le vert, restant proches de niveaux sans précédent depuis l'été 2015.

«On reste au-dessus de 50 dollars», a souligné Bart Melek, de TD Securities.

Beaucoup d'observateurs voient un signe d'optimisme général dans le fait que les cours se maintiennent au-dessus de ce seuil symbolique.

Pour l'heure, néanmoins, «l'embellie des cours semble provisoirement stoppée par les incertitudes quant à savoir si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) va ou non rééquilibrer l'offre et la demande sur le marché», a expliqué M. McGillian.

L'OPEP, dominée par l'Arabie saoudite, a relancé fin septembre le marché en annonçant un accord de principe sur une baisse de la production entre ses membres, qui doivent encore le concrétiser lors du sommet de novembre. Les investisseurs espèrent voir la Russie les rejoindre.

«Beaucoup d'investisseurs pensent qu'il va y avoir un accord sur l'offre et que le marché va rebondir», a assuré M. Melek.

Puits américains

Avant une rencontre ce week-end entre les ministres russe et saoudien de l'Energie, Moscou a néanmoins semblé temporiser, alors que le marché avait déjà souffert la veille de propos jugés peu engageants du géant public pétrolier Rosneft.

«Avant de rencontrer son homologue saoudien Khaled al-Faleh, le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak a de nouveau affirmé sa volonté de geler la production de son pays, avant de donner un indice sur ce niveau», ont rapporté les analystes de PVM. «Il a en effet déclaré que la Russie devrait produire en moyenne 11 millions de barils par jour en 2017, ce qui est proche des niveaux actuels.»

Vu que ce niveau reste très élevé, certains analystes y voyaient un symptôme d'un jeu de dupes dans lequel sont engagés les grands producteurs, à la fois sous pression pour réduire leur offre, mais désireux de maintenir leur part de marché.

Les déclarations de M. Novak «méritent le prix des propos les plus hypocrites du jour», a ironisé dans une note Matt Smith, de ClipperData.

Quant aux États-Unis, troisième grand producteur mondial avec la Russie et l'OPEP, l'indépendance de leur marché énergétique les écarte de ce type de négociations, mais n'empêche pas leur production de rester très surveillée.

À ce titre, les investisseurs ont digéré vendredi une nouvelle hausse hebdomadaire du nombre de puits actifs aux États-Unis, dont le décompte ne cesse de rebondir depuis l'été et laisse craindre une reprise de la production.

Le marché n'a cependant guère semblé en souffrir durablement, de même qu'il a réussi à se maintenir dans le vert malgré le renforcement persistant du dollar, a priori nuisible aux cours de l'or noir, car ils sont libellés en monnaie américaine.

C'est «l'ensemble des matières premières (qui) témoigne d'une certaine résistance à la force du dollar», liée à la perspective de plus en plus consensuelle d'une hausse des taux américains en décembre, a écrit Tim Evans, de Citi.