En l'absence d'accord à moins d'une semaine de la date butoir du 12 octobre, l'industrie québécoise du bois d'oeuvre « s'attend à un conflit » commercial avec les États-Unis.

Le Canada et les États-Unis ont passé la journée d'hier à négocier à Toronto avec les PDG de 10 entreprises canadiennes de bois d'oeuvre, mais sans trouver de terrain d'entente. « L'industrie américaine n'est pas à la même place que nous », indique le cabinet de la ministre fédérale du Commerce international Chrystia Freeland. Les États-Unis parlent « d'importants différends » dans les « approches » des deux pays dans ce dossier. Ottawa réclame un régime de libre-échange pour le bois d'oeuvre du Québec car la province a modifié son régime forestier pour le rendre plus concurrentiel.

« Oui, on s'attend à un conflit », dit André Tremblay, PDG du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), dont les membres représentent environ 80 % des ventes de bois d'oeuvre de la province. « On est loin d'un accord, dit-il. Si les gens sont demeurés sur leurs positions [hier], ça m'apparaît évident qu'il n'y aura pas d'accord avant la semaine prochaine. Je ne vois pas ce qui pourrait amener des concessions au cours de la prochaine semaine. »

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard estime que « la bonne foi n'est peut-être pas au rendez-vous [...] au sud de la frontière » dans ce dossier, faisant référence à la montée du protectionnisme aux États-Unis. « Il y a des enjeux politiques internes qui clairement ont un impact », dit-il.

Le gouvernement Trudeau fait valoir que « l'industrie américaine n'est pas à la même place » que le Canada. C'est qu'aux États-Unis, l'industrie américaine doit approuver à 51 % l'entente négociée par le gouvernement américain. En pratique, les producteurs américains ont donc un droit de veto sur l'entente. « Actuellement, ils ne voient pas pourquoi ils bougeraient d'une quelconque façon : ils voient une occasion d'améliorer leur marché à moyen terme », dit André Tremblay, du CIFQ.

AIDE DEMANDÉE À OTTAWA

S'il n'y a pas d'entente, les États-Unis pourraient ouvrir une enquête qui mènerait à l'imposition de tarifs pouvant atteindre 25 % sur le bois d'oeuvre québécois en 2017. L'industrie québécoise demande une aide gouvernementale - particulièrement à Ottawa - , notamment en garantissant des prêts sur les tarifs imposés par les Américains aux entreprises canadiennes.

Le gouvernement Trudeau ne veut pas s'engager sur ce plan pour l'instant. « Toutes les options seront évaluées », a dit hier le secrétaire parlementaire du Commerce international David Lametti. « On espère que le fédéral va répondre présent », dit André Tremblay, du CIFQ. Québec se dit aussi ouvert à une aide. « Il faut également aider notre industrie, et c'est ce qu'on va faire », a dit hier le premier ministre Couillard.