Hydro-Québec veut absolument conclure l'entente annulée par la Régie de l'énergie avec TransCanada Energy (TCE) à Bécancour, qui lui fournirait de l'électricité en période de grand froid.

La société d'État demande au gouvernement de modifier la Loi sur la Régie de l'énergie afin de permettre la réalisation de ce contrat de 20 ans, d'abord accepté par la Régie, puis annulé à la suite de la contestation du Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE).

Pourquoi le contrat a-t-il été annulé ?

LE ROEE a plaidé avec succès qu'Hydro-Québec aurait dû aller en appel d'offres pour acheter de la puissance de pointe plutôt que conclure un contrat privé avec TCE. L'entente prévoyait que la centrale au gaz de Bécancour, qui n'a jamais été utilisée en raison des surplus importants d'Hydro-Québec, fournirait de l'électricité pour un maximum de 300 heures en hiver pendant 20 ans, soit jusqu'en 2036.

Pourquoi Hydro tient-elle tant à l'entente avec TCE ?

Hydro-Québec soutient avoir besoin de cette énergie et que TCE peut l'offrir à un prix imbattable. L'entreprise veut que la Régie la dispense du processus d'appel d'offres parce que le bénéfice du contrat pour ses clients est évident.

« On a un besoin en puissance et on a une centrale dans notre portefeuille qui peut nous en fournir pour deux fois moins cher que ce qu'on peut acheter sur le marché, explique le porte-parole d'Hydro-Québec, Marc-Antoine Pouliot. Il nous apparaît clair que c'est au bénéfice de nos clients. »

Pourquoi ne pas demander un appel d'offres ?

Si le prix offert par TransCanada est si bon, l'entreprise pourrait remporter un appel d'offres d'Hydro-Québec. Mais TCE ne pourrait pas répondre à un éventuel appel d'offres parce que l'entreprise est déjà sous contrat avec la société d'État avec sa centrale au gaz naturel de Bécancour, même si elle n'a jamais servi en raison des surplus d'électricité. D'où la décision d'Hydro-Québec de demander un changement à la loi.

Quel est l'impact sur la facture d'électricité ?

L'achat d'énergie de pointe aux réseaux voisins coûte très cher, et ce surcoût sera reflété dans la prochaine augmentation des tarifs d'électricité. Mais le Regroupement des organismes environnementaux en énergie estime qu'Hydro n'a pas besoin d'importer de l'énergie à gros prix des États-Unis. « On ne voit pas pourquoi Hydro doit s'attacher pour encore 20 ans avec quelque chose de polluant alors qu'il existe d'autres solutions, certaines même gratuites », explique Jean-Pierre Finet, l'analyste du ROEE.

Y a-t-il d'autres solutions pour la pointe d'hiver ?

Hydro-Québec utilise plusieurs moyens pour satisfaire les besoins de sa clientèle lorsque la demande est supérieure à la capacité de son réseau. Par exemple, elle demande aux grandes entreprises comme les alumineries de ralentir leur production et de lui revendre de l'électricité, elle achète de l'énergie sur les réseaux voisins et elle lance parfois un appel à ses abonnés de réduire leur consommation.

Jean-Pierre Finet, du Regroupement des organismes environnementaux en énergie, souligne qu'Hydro peut maintenant compter sur l'entente conclue avec l'Ontario qui prévoit des échanges d'énergie de 500 mégawatts, vers le Québec en hiver et vers l'Ontario en été. « Il s'agit d'échange, donc ça ne coûte rien », dit-il. Hydro dispose aussi de sa nouvelle technologie de stockage Esstalion, qu'elle commercialise avec Sony, pour emmagasiner de grandes quantités d'électricité en prévision des périodes de froid intense, ajoute-t-il.

LE BAPE EXAMINE NORTHERN PASS

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement entreprend le 28 septembre à Sherbrooke l'examen de la portion québécoise du projet Northern Pass, la nouvelle interconnexion qui doit relier le Québec et le New Hampshire. Au Québec, le tracé prévoit la construction d'une ligne de transport de 79,2 kilomètres à partir de Windsor, en Estrie, qui traverserait la frontière entre Saint-Herménégilde et East-Hereford. Le coût de ce projet est estimé à 125 millions. Il s'agit d'une très petite partie du projet Northern Pass, estimé à 2 milliards de dollars, qui doit traverser l'État du New Hampshire et qui chemine lentement en raison de l'opposition citoyenne. Ses promoteurs prévoient que la nouvelle interconnexion pourrait être mise en service au printemps 2019.