Dans l'espoir de donner un élan à son Plan Nord qui peine à décoller, le gouvernement Couillard s'engage à hauteur de 175 millions de dollars dans le projet minier de Tata Steel Minerals Canada à Schefferville, sur la Côte-Nord.

Par l'entremise du Fonds Capital Mines Hydrocarbures, Québec a confirmé mardi une prise de participation en allongeant 125 millions en plus de consentir un prêt de 50 millions à cette coentreprise détenue par Tata Steel (94 %) et New Millennium Iron (6 %) pour concrétiser ce projet de mine de fer à enfournement direct.

Au total, le géant indien Tata Steel doit injecter 1 milliard dans l'aventure, qui devrait créer entre 450 et 500 emplois d'ici 2020.

La nouvelle a été confirmée dans le cadre d'une conférence de presse qui se déroulait à Sept-Îles et à laquelle participaient la direction de TSMC, des ministres provinciaux ainsi que des représentants locaux.

«Dans le passé, les gens de Tata ont prouvé que les entreprises qui s'associent avec eux peuvent s'attendre à de la rentabilité», a dit le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, au cours d'un entretien téléphonique en marge de la conférence de presse, lorsque questionné quant à l'engagement financier de son gouvernement malgré la déprime prolongée des cours du minerai de fer.

En près de deux ans, le prix de la tonne a glissé d'environ 100 $ US pour osciller aux alentours de 55 $ US.

Malgré tout, M. Arcand ne s'attend pas à voir Tata Steel se tourner vers l'État québécois advenant que des fonds supplémentaires soient nécessaires pour poursuivre le développement du gisement.

L'entente de principe entre Québec et TSMC avait été annoncée en grande pompe en janvier dernier par le premier ministre Philippe Couillard, depuis Davos, où il participait au Forum économique mondial.

Initialement, l'État québécois devait dévoiler au plus tard le 31 mars dernier le montant de son investissement, mais l'échéance avait été reportée, ce qu'a minimisé M. Arcand, affirmant qu'il n'était pas rare que cela survienne lorsque venait le temps de finaliser des ententes de principe.

Le projet de TSMC, également appelé DSO, enjambe la frontière du Québec et du Labrador. La coentreprise souhaite développer la partie québécoise de son gisement.

«Nous allons continuer à travailler (...) à faire tout ce que nous pouvons afin d'améliorer la compétitivité du marché du minerai de fer canadien et de le rendre plus viable», a pour sa part commenté le directeur principal du groupe Tata Steel, finances et affaires générales, Koushik Chatterjee, reconnaissant toutefois que «les temps sont difficiles» pour l'industrie mondiale.

L'an dernier, par l'entremise des installations de la Compagnie minière IOC, Tata Steel Minerals Canada avait expédié un peu plus de 2 millions de tonnes de minerai de fer. Si le projet se concrétise, la production pourrait atteindre jusqu'à six millions de tonnes par année.

Pour convaincre le géant minier de poursuivre le développement du projet, le gouvernement Couillard avait racheté des infrastructures ferroviaires et portuaires appartenant à Cliffs Natural Resources pour près de 67 millions en mars.

Cela permettra à Tata Steel d'avoir accès au secteur de Pointe-Noire, à Sept-Îles, où se trouve le port - une pierre angulaire du Plan Nord.

«Ces actifs ont une valeur et garantissent l'accès au port, a affirmé le ministre Arcand. Il fallait que l'État québécois fasse un effort (pour les acquérir).»

Par ailleurs, un premier chargement de minerai de fer a été acheminé lundi aux installations de Pointe-Noire par le chemin de fer Arnaud. Quelque 16 900 tonnes de minerai en provenance du gisement DSO ont été entreposées par TSMC. L'expédition est prévue en septembre.