Les cours du pétrole ont baissé vendredi, déprimés par les inquiétudes sur le niveau élevé de l'offre et un renforcement du dollar.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en septembre a perdu 56 cents à 44,19 dollars sur le New York Mercantile Exchange, signant une baisse hebdomadaire.

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut pour livraison en septembre a baissé de 51 cents à 45,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), lui aussi en recul sur la semaine.

«Il n'y a rien eu de neuf aujourd'hui», a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. «Le marché est encore sous pression puisque l'on fait face à de larges réserves de brut comme de carburants.»

C'est notamment aux États-Unis que les investisseurs ont encore pris connaissance cette semaine d'une hausse des réserves d'essence, jugée particulièrement inquiétante car les stocks devraient baisser en raison des déplacements automobiles de l'été.

«À un moment, le marché va bien essayer de se concentrer de nouveau sur l'idée que la croissance mondiale va relancer la demande à long terme, ainsi que sur le soutien apporté aux cours par la baisse de la production américaine», a nuancé M. McGillian.

Toutefois, même si la production aux États-Unis a baissé de près d'un million de barils par jour (bj) par rapport à la même époque l'an dernier, elle rebondit un peu ces dernières semaines.

De plus, les investisseurs ont pris connaissance vendredi d'une hausse hebdomadaire du nombre de puits actifs dans le pays. Certains l'interprètent comme le signe avant-coureur d'une reprise de la production, même si d'autres estiment que cette augmentation n'est pas encore significative.

Soubresauts du «Brexit»

En dehors de cet indicateur, l'actualité du pétrole était limitée vendredi. Les investisseurs en étaient réduits à se baser sur d'autres éléments comme «un renforcement du dollar qui vient encore appuyer la baisse des cours», selon les termes de Matt Smith, de ClipperData.

Les cours du pétrole sont libellés en monnaie américaine et pâtissent donc de la force du billet vert, qui profite vendredi de la faiblesse de l'euro en raison d'un regain d'inquiétudes géopolitiques en Europe.

Autre élément dépassant le marché du pétrole mais provoquant des inquiétudes sur la demande, «des indices d'activité se sont révélés inférieurs aux attentes au Royaume-Uni et laissent craindre une contraction de son produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre», a écrit Tim Evans, de Citi.

Dans le sillage du vote britannique de la fin juin pour une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'activité privée du pays s'est contractée au mois de juillet pour atteindre son plus bas niveau depuis avril 2009, selon l'indice des directeurs d'achat «PMI» composite, publié vendredi par le cabinet Markit.

Toutefois, les cours n'ont initialement pas souffert à la publication de ces chiffres, comme le notait Phil Flynn, de Price Futures Group, estimant même qu'ils avaient eu un effet positif.

«Les cours avaient déjà beaucoup baissé dans l'idée que le "Brexit" allait affecter la demande internationale de pétrole», a-t-il expliqué. «Mais ce que le marché n'a pas pris en compte, c'est l'éventualité de plus en plus probable que le Royaume-Uni y réponde par de nouvelles mesures de soutien, dont une baisse des taux d'intérêt».