À une semaine du Sommet des leaders nord-américains, Justin Trudeau laisse entendre qu'il n'y aura pas d'annonce concernant un nouvel accord sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis.

«C'est un dossier sur lequel nous sommes en train de travailler de façon très attentive, mais on n'a pas d'annonce positive à faire encore», a dit le premier ministre en conférence de presse à Ottawa, mercredi.

Justin Trudeau a rappelé que «cet enjeu extrêmement difficile» a «longtemps été un grand défi pour le gouvernement canadien». Il a néanmoins ajouté que le récent réchauffement des relations canado-américaines pourrait avoir un impact positif sur le résultat des pourparlers.

Le président américain Barack Obama et le président mexicain Enrique Pena Nieto seront à Ottawa mercredi prochain pour cette rencontre que l'on appelle aussi le sommet «Trois Amigos».

La ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, a laissé savoir vendredi dernier que les 100 jours de négociations soutenues entre les deux nations n'avaient mené à aucune entente, et que «de grandes différences» subsistaient.

Mais «cette période de mobilisation intensive nous a aidés à définir nos objectifs communs et à étudier les options liées à plusieurs composantes clés de tout nouvel accord», a-t-elle déclaré par voie de communiqué.

Si Ottawa et Washington tardent à renouveler cette entente, de nombreux emplois seront en péril un peu partout au pays, notamment au Québec, a prévenu la semaine dernière Paul Quinn, analyste du secteur forestier chez RBC Marchés des capitaux.

Sans un nouvel accord, un tarif douanier d'au moins 25 pour cent sur le bois d'oeuvre canadien sera imposé à compter de la deuxième moitié de 2017, a-t-il indiqué: «Des scieries vont fermer parce que personne en ce moment n'a l'argent nécessaire pour payer ces taxes».

Produits forestiers Résolu, la plus importante compagnie forestière au Québec, croit que le gouvernement canadien ne devrait pas accepter une proposition qui restreindrait l'accès au marché américain.

«Compte tenu des régimes forestiers dans lesquels nous opérons, qui sont similaires aux régimes forestiers américains, nous devons avoir accès au marché américain sans aucune contrainte de taxation ou de quotas», a plaidé le porte-parole de l'entreprise, Karl Blackburn.

Il a rappelé que le gouvernement du Québec réclame le libre-échange en matière de commerce du bois d'oeuvre avec les États-Unis - le bois d'oeuvre est exclu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

«C'est vraiment la position qui doit être défendue par le gouvernement du Canada», car se contenter d'«acheter la paix» aurait «un prix énorme» pour l'industrie forestière, a insisté M. Blackburn en entrevue téléphonique.

L'entente sur le bois d'oeuvre signée en 2006 par le gouvernement conservateur, après cinq ans de batailles devant les tribunaux, est venue à échéance en octobre dernier.

Même si l'accord est échu, les autorités américaines ne peuvent présentement imposer de tarifs douaniers sur les produits canadiens du bois, en vertu d'une période de grâce en vigueur jusqu'à la mi-octobre.