Dans un geste aussi rare qu'étonnant, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles demande à la Régie de l'énergie un avis sur les façons d'améliorer le sort des consommateurs qui envisagera toutes les avenues, y compris « l'ouverture du marché de détail de l'électricité à la concurrence ».

La demande d'avis du ministre à la Régie, la première depuis 2015, était prévue dans la Politique énergétique rendue publique plus tôt cette année.

Le ministre Pierre Arcand y annonçait son intention de demander à l'organisme de réglementation de proposer « des solutions tarifaires qui s'inspirent des meilleures pratiques [...] et qui visent une simplification des options offertes aux clients ».

L'avis qui vient d'être demandé couvre toutefois un très vaste territoire. Au bureau du ministre Arcand, on indique que l'objectif de cette demande est d'étudier « l'ensemble des pratiques pouvant favoriser le consommateur d'électricité ».

« Il n'est pas de l'intention du gouvernement de remettre en question le modèle d'affaires actuel d'Hydro-Québec », assure sa porte-parole, Véronique Normandin.

À l'Union des consommateurs, le responsable des questions d'énergie s'est dit très surpris de l'ampleur de la demande du ministre.

« M. Arcand demande à ce que la Régie lui donne un avis sur des sujets fondamentaux qui sont complètement absents de la Politique énergétique », souligne Marc-Olivier Moisan-Plante, de l'Union des consommateurs.

En plus d'examiner l'ouverture du marché de détail de l'électricité à la concurrence, qui signifierait la fin du monopole d'Hydro-Québec, la Régie devra se pencher sur l'interfinancement entre les différentes catégories de tarifs et l'augmentation du nombre de ménages québécois qui ne peuvent plus payer leur facture d'électricité à temps.

La Régie devra aussi donner son avis sur « l'effritement de la compétitivité des tarifs d'électricité ». Cet effritement, qui est dénoncé par les entreprises, « risque de miner la compétitivité de certains secteurs industriels québécois, particulièrement ceux soumis à la concurrence internationale », dit le ministre dans sa requête.

M. Arcand veut enfin que la Régie lui propose des solutions pour les industries du ski et de la serriculture, que son gouvernement a promis d'aider.

Malgré l'importance de la commande, le ministre s'attend à ce que la Régie lui transmette l'avis rapidement, « afin que des améliorations soient mises en oeuvre pour l'année tarifaire 2018 ».

Photo Jacques Boissinot, Archives La Presse Canadienne

Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles