Rattrapés par un mouvement général d'aversion au risque sur les marchés mondiaux, les cours de l'or noir ont fortement baissé vendredi, les investisseurs sautant sur l'occasion pour prendre des bénéfices après une période d'embellie.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a perdu 1,49 dollar à 49,07 dollars sur le New York Mercantile Exchange, terminant sous 50 dollars pour la première fois depuis lundi.

«On voit apparaître des inquiétudes sur les perspectives économiques mondiales (...) avec une fuite vers les actifs les plus sûrs», a résumé Phil Flynn, de Price Futures Group. «Les investisseurs achètent de l'or, ils vendent en Bourse... Et ils vendent du pétrole.»

L'aversion au risque, généralement néfaste aux marchés de matières premières, était générale vendredi sur les marchés mondiaux, à l'approche d'une réunion la semaine prochaine de la Réserve fédérale (Fed) et, surtout, d'un référendum à la fin du mois sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE).

«Les investisseurs sont en train de réduire leur exposition au risque avant le référendum du 23 juin, (...) par crainte qu'un «Brexit» nuise à la croissance économique européenne», a souligné dans une note Tim Evans, de Citi.

Il pointait aussi un renforcement du dollar, susceptible de nuire aux cours pétroliers, puisqu'ils sont libellés en monnaie américaine et en deviennent moins intéressants.

«Le marché pétrolier subit sa propre vague de baisse, d'autant que les investisseurs sont enclins à prendre leurs bénéfices après sa récente hausse», a-t-il ajouté.

En début de semaine les cours du pétrole avaient plusieurs fois terminé au plus haut depuis près d'un an, soutenus par des problèmes de production au Nigeria, ainsi que, plus largement, par l'idée que la surabondance mondiale donne des signes d'assèchement.

«Le marché va avoir besoin d'être régulièrement alimenté en bonnes nouvelles pour continuer à monter», a prévenu Gene McGillian, de Tradition Energy.

«Il y a toujours beaucoup de pétrole sur le marché», a-t-il insisté. «On ne peut pas totalement ignorer le fait que les réserves restent proches de leurs records aux États-Unis et dans le reste du monde.»

En déclinant franchement depuis le début d'année, la production américaine a donné une forte lueur d'espoir au marché, mais elle commence à donner des signes de stabilisation, si ce n'est de rebond, avec sa première hausse hebdomadaire depuis trois mois annoncée mercredi.

De plus, les investisseurs ont pris connaissance vendredi d'une nouvelle petite hausse hebdomadaire du nombre de puits en activité aux États-Unis, selon un décompte établi par le groupe privé Baker Hughes, ce qui semble montrer que les producteurs risquent de faire repartir leur activité face au regain des cours.