À l'issue d'une semaine qui les a vus dépasser 50 dollars le baril pour la première fois de l'année, les cours pétroliers ont légèrement baissé vendredi, lestés par un renforcement du dollar, dans un contexte prudent avant un week-end prolongé aux États-Unis.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a perdu 15 cents à 49,33 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en juillet a vu son cours reculé de 27 cents à 49,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

« Le week-end va être prolongé d'un jour férié aux États-Unis et beaucoup d'investisseurs étaient déjà partis », a avancé Carl Larry, de Frost & Sullivan. « Le plus important, c'est que l'on ne s'est pas beaucoup éloignés du seuil des 50 dollars. Les cours se sont repliés mais ne se sont pas effondrés. C'est un bon signe. »

Les cours avaient brièvement dépassé ce seuil, mercredi soir pour le Brent européen et le lendemain pour le WTI, pour la première fois depuis l'automne, avant de commencer à se replier jeudi en fin de séance.

« Avec un jour férié », lundi aux États-Unis, « le discours de Janet Yellen et la perspective du sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), je pense que personne ne veut prendre trop de risques », a estimé M. Larry.

Mme Yellen, présidente de la Réserve fédérale (Fed) des États-Unis, a ouvertement évoqué vendredi la perspective d'une hausse des taux d'intérêt les prochains mois, ce qui a contribué à renforcer le dollar et, en retour, à peser sur le marché pétrolier, libellé en monnaie américaine.

Auparavant, « le produit intérieur brut américain a été révisé en hausse vendredi, ce qui a été jugé assez favorable pour que le dollar se renforce » déjà, a remarqué dans une note Tim Evans, de Citi.

Il estimait par ailleurs que les fluctuations des cours étaient peut-être aussi dues à des rééquilibrages techniques de position avant l'expiration la semaine prochaine du contrat pour juillet sur le Brent.

Bons signes aux États-Unis

« De plus, les perspectives sont plutôt défavorables quant au sommet de l'OPEP, le 2 juin, puisque l'Arabie saoudite fait toujours part de ses intentions de défendre sa part de marché », a ajouté M. Evans.

C'était déjà au bras de fer entre l'Arabie saoudite et l'Iran, autre membre de l'OPEP et grand rival de Riyad, qu'avait largement été attribué l'échec de négociations en avril entre une quinzaine de pays producteurs, Téhéran ne manifestant aucune intention de geler sa production au moment où le pays fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions internationales.

« Par contraste avec les bruits de plus en plus insistants en vue de la réunion de la Fed du mois prochain, c'est plutôt l'apathie qui domine avant le sommet de l'OPEP à Vienne », a écrit Matt Smith, de ClipperData. « Cela devrait se passer de façon ordinaire [...] avec un peu d'excitation et d'impatience quand le rassemblement va commencer, mais un sentiment de dégonflage quand ça va se terminer. »

Certains observateurs estiment d'ailleurs que le retour à 50 dollars risque d'enfin valider la stratégie de production élevée de l'OPEP, qui dure depuis l'automne 2014 et a contribué à faire plonger les prix à guère plus de 25 dollars en février.

L'OPEP « va préférer continuer à récupérer des parts de marchés », a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Production. « On assiste déjà à des exportations sans précédent d'Irak, une accélération persistante de la production iranienne [...] et on s'attend à voir plus de pétrole arriver d'Arabie Saoudite, où a pris fin la saison de maintenance de plusieurs gisements pétroliers. »

Dans ce contexte, la principale lueur d'espoir continue à venir des États-Unis, dont la production baisse systématiquement depuis près de trois mois, et où, selon un décompte annoncé par le groupe Baker Hughes, le nombre de puits de pétrole en activité a repris son déclin hebdomadaire après une pause la semaine précédente.